Des Draconides 2018 à surveiller de près !

7 octobre 2018 0 Par Karl Antier

C’était la comète de cet été : la magnitude de 21P/Giacobini-Zinner a atteint +7 environ, la rendant aisément accessible dans une paire de jumelles sous un ciel noir. Car la belle chevelue est passée au périhélie le 10 septembre dernier, soit un peu moins d’un mois avant le début de la période d’activité de la pluie météorique des Draconides (DRA) qui lui est associée. D’une période de 6.5 années, les passages au plus près du Soleil de cette comète sont parfois associés à des sursauts d’activité plus ou moins intenses de la pluie d’étoiles filantes associée.

Le sursaut d’activité des Draconides en 2011, enregistré par Juan Carlos Casado depuis l’Espagne. Crédit: Juan Carlos Casado

Le dernier passage au périhélie de 21P/Giacobini-Zinner, en février 2011, avait été associé à un sursaut d’activité des Draconides prévu par les modélisations et observé depuis l’Europe, où les ZHR ont atteint 300. L’année suivante, en 2012, rien d’exceptionnel n’était prévu, mais un sursaut d’activité quasi-identique a été enregistré en radio/radar. Lors de retours exceptionnels, il est même arrivé que les Draconides donnent naissance à des tempêtes de météores, comme ce fut le cas en 1933 et 1946.

La comète 21P/Giacobini-Zinner photographiée depuis le Pic du Midi le 6 octobre 2018, vers 03h 50min TU, soit 3 jours seulement avant le maximum prévu de la pluie météorique qui lui est associée. Crédit: François Colas

Cette année, malgré le passage récent de la comète au périhélie, aucune modélisation ne prévoir de réel sursaut d’activité. Cependant, vues les conditions, et le sursaut inattendu de 2012, il est recommandé de surveiller tout-de-même cette pluie de météores, car rien n’est impossible ! Le maximum « classique », dont le ZHR varie généralement entre 0 et 5, est prévu dans la nuit du 8 au 9 octobre, entre 23h TU et 01h TU (à 00h 10min TU d’après l’International Meteor Organization). En prenant en compte les derniers sursauts d’activité, les augmentations inattendues d’activité peuvent quant à elles arriver entre le 8 octobre, 15h 30min TU (en prenant en compte l’horaire du sursaut de 2011) et le 9 octobre, 08h 50min TU (en tenant compte du sursaut de 1999). Mieux vaudra donc surveiller le plus possible cette source d’activité !

Les prévisionnistes semblent cependant s’accorder sur une potentielle légère augmentation d’activité, lorsque la Terre passera à proximité d’un nuage de météoroïdes (« dust trail ») libéré de la comète en 1953, mais qui a été perturbé par un passage rapproché de la Terre en 1985, ce qui rend difficile toute estimation d’activité associée à ce tore de particules. Mikiya Sato prévoit ainsi un ZHR compris entre 20 et 50 le 9, vers 00h 14min TU, Jérémie Vaubaillon voit un ZHR plus faible (proche de 15) et un peu plus tôt (le 8, vers 23h 31min TU) et Mikhail Maslov obtient un horaire quasi-identique (23h 34min TU) pour un ZHR de 10-15. A confirmer (ou pas) !

Le radiant des Draconides est localisé dans la tête de la constellation du Dragon. Il est donc circumpolaire sous les latitudes de la France métropolitaine : les Draconides peuvent donc être observées toute la nuit, même si le début de nuit est plus favorable. Crédit : IMO

Le radiant des Draconides est localisé dans la tête du Dragon : il est donc circumpolaire (il ne se couche jamais) depuis les latitudes de la France métropolitaine, et les Draconides sont donc observables toute la nuit. Mais il est tout-de-même plus haut dans le ciel en début de nuit, et donc mieux placé pour l’observation. Mais vues les incertitudes sur l’activité, ceux qui peuvent veiller toute la nuit feraient bien d’en profiter ! Les Draconides sont des météores très lents, puisque la vitesse d’entrée des particules qui leur donne naissance est de 20 km/s. Les météores ont donc des vitesses apparentes faibles (s’ils sont observés haut dans le ciel et loin du radiant), voire très lentes (près du radiant et/ou de l’horizon). Ce qui les rend facilement identifiables et évite les confusions avec les météores sporadiques qui pourraient éventuellement s’aligner avec le radiant, faussant les analyses, notamment en cas de faible activité.

Bonne chance et bons ciels à tous !

Lexique

  • une pluie d’étoiles filantes est l’ensemble des météores associés à un nuage de météoroïdes issus d’une même source (comète ou astéroïde)
  • une comète est un objet constitué de roches et de glaces généralement localisé aux confins du Système solaire, mais qui peut se rapprocher périodiquement du Soleil. En s’en rapprochant, les glaces de la surface du noyau se subliment, entraînant avec elles les poussières qu’elles contiennent. Ce qui donne naissance aux queues de gaz et de poussières caractéristiques de ces objets.
  • un météore (ou étoile filante) est le trait lumineux observé lorsqu’une poussière interplanétaire ou un petit météoroïde pénètre dans l’atmosphère terrestre à très grande vitesse (entre 12 et 72 km/s)
  • un météoroïde est une petite particule de quelques millimètres à quelques dizaines de centimètres de diamètre qui se déplace dans l’espace. C’est elle qui donne naissance au météore si elle a la chance de pénétrer dans l’atmosphère de la Terre. Si le météoroïde est suffisamment massif, une partie de l’objet peut résister à cette entrée dans l’atmosphère, et donner naissance à une météorite.
  • une météorite est le caillou rocheux ou métallique qui est retrouvé sur terre, lorsqu’une partie d’un météoroïde suffisamment massif a réussi à traverser l’atmosphère et arriver au sol.
  • le radiant d’une pluie d’étoiles filantes est le point de la voûte céleste d’où semble provenir, par effet de perspective, les météores issus d’une même pluie.
  • le ZHR (Zenithal Hourly Rate, ou Taux Horaire Zénithal) est le nombre de météores que pourrait observer un individu dans des conditions d’observations parfaites : ciel bien noir et radiant localisé au zénith.