Le programme de sciences participatives Vigie-Ciel fête ses 10 ans !
Vigie-Ciel : les débuts de l’aventure
Le programme de sciences participatives Vigie-Ciel a été officiellement lancé le 27 mars 2015 avec les autres composantes du projet 65 Millions d’Observateurs financé par les Investissements d’Avenir (Figure 1). Inspiré du programme Vigie-Nature et capitalisant sur l’expérience du Muséum dans les sciences participatives, il a pour objectif d’impliquer les publics dans l’étude du flux de matière extraterrestre et la découverte de nouvelles météorites et de cratères d’impact en accompagnement du projet scientifique FRIPON (Fireball Recovery and Inter Planetary Observation Network), lui-même financé par l’Agence Nationale pour la Recherche à compter du 1er janvier 2014. Quatre partenaires institutionnels s’étaient associés, en lien avec le CNRS, pour concevoir et co-porter ces deux projets étroitement associés : le Muséum national d’Histoire naturelle (MNHN, porteur principal de Vigie-Ciel), l’Observatoire de Paris (porteur principal de FRIPON), l’Université Paris-Saclay et l’Observatoire des Sciences de l’Univers Pythéas (OSU Pythéas).

Figure 1 – Le lancement officiel du projet 65 MO, le 27 mars 2015. De gauche à droite : Th. Grenon (Directeur général du MNHN), G. Bœuf (Président du MNHN), R. Julliard (Vigie-Nature), B. Zanda (Vigie-Ciel), E. Feunteun (Vigie-Mer), S. Royal (ministre de l’Environnement), G. Loïs (Vigie-Nature), S. Turpin (Vigie-Nature École).
À côté de ces quatre institutions fondatrices, nombre de partenaires soutenaient le projet dont une ambition affichée était de « renforcer ou développer les contacts entre les mondes de la recherche, de la médiation scientifique, de l’éducation et les publics en vue de diffuser de manière informelle les connaissances autour des météorites et de la planétologie ». Parmi elles, les institutions scientifiques liées par le projet ANR FRIPON, notamment le CNES (avec le GEIPAN) et des Muséums en région, des CCSTI, des planétariums et autres associations en lien, notamment, avec l’Association Française d’Astronomie (AFA) et à la Société Géologique de France (SGF). Enfin, deux partenaires additionnels ont rapidement rejoint le groupe des institutions fondatrices de Vigie-Ciel en contribuant au co-financement du projet par la mise à disposition notoire de personnel scientifique : Universcience et l’Université Grenoble Alpes. À l’heure actuelle, les 4 institutions fondatrices continuent à porter le projet dont le financement initial a pris fin en décembre 2019. Ils en assurent la coordination (Muséum via l’UAR PatriNat), la responsabilité scientifique (Muséum via l’UMR IMPMC, Université Paris-Saclay via l’UMR GEOPS, et avec le soutien de l’UMR GET de l’IRD pour le volet Vigie-Cratère) et enfin le maintien du réseau FRIPON devenu Service national d’Observation (Observatoire de Paris et OSU Pythéas). Ainsi que cela est explicité ci-après, le programme a connu de nombreux développements et quelques beaux succès, mais il reste confronté au défi constant de trouver les financements nécessaires à son animation et, surtout, au maintien et à l’évolution dans le temps de ses infrastructures (réseau FRIPON et site web participatif permettant de collecter les données, de les partager avec tout le réseau et de favoriser les échanges entre chercheurs, médiateurs et participants).
Vigie-Ciel, des météores aux cratères
La fascination exercée par les étoiles filantes et les pierres tombées du ciel sont au cœur du projet Vigie-Ciel dont l’objectif premier est de favoriser la collecte de météorites, leur conservation et leur étude. Ces pierres sont, en effet, de véritables sondes de l’espace et du temps, ce qui en fait une source précieuse d’information sur les premiers instants du Système solaire. Or (et les événements de 2023 décrits plus bas l’ont confirmé), la collecte de nouvelles météorites pour la recherche scientifique en France nécessite une implication citoyenne. Ce constat, et celui d’une réduction drastique du nombre de météorites retrouvées en France à compter du début du XXème siècle, sont à l’origine du développement du projet Vigie-Ciel. Au XIXème siècle, on retrouvait en moyenne en France 5 fois plus de météorites qu’aujourd’hui (Figure 2) – les siècles précédents n’ayant laissé que peu de traces, car ce n’est qu’en 1803 que l’origine extraterrestre des météorites a été reconnue. Comment comprendre un tel changement ? Pourquoi les citoyens ont-ils cessé de retrouver ces objets rares et scientifiquement précieux ? L’un des principaux facteurs est sans nul doute l’urbanisation croissante : passant moins de temps dans la nature et ayant un sens de l’observation moins développé, ces citoyens ont moins de chances d’identifier une pierre nouvellement tombée. Par ailleurs, le développement de l’électricité, puis des loisirs cathodiques s’ajoute aux effets de l’urbanisation et fait que les chances d’observer un bolide (le météore lumineux qui signale l’arrivée d’une météorite) ont considérablement diminué. S’il est possible maintenant de faire appel à des caméras pour la surveillance du ciel – notamment avec la mise sur le marché de caméras vidéo peu coûteuses, ce qui a fait l’objet du développement du réseau d’observation FRIPON – les citoyens restent les mieux à même de retrouver des objets tombés à proximité de leur domicile.

Figure 2 – Le nombre de météorites retrouvées en France après observation de leur chute au XIXème siècle (45) et au XXème siècle (9). On constatera que, lorsque les observations sont plus nombreuses (XIXème siècle), elles ne sont pas distribuées au hasard : elles sont principalement regroupées dans les grandes plaines fluviatiles où la vue est dégagée et où, surtout, les habitants susceptibles de retrouver une météorite sont nombreux.
Les objets les plus petits qui entrent en collision avec l’atmosphère de la Terre s’y consument totalement et sont à l’origine des étoiles filantes. À l’opposé les objets les plus volumineux sont à peine ralentis par l’atmosphère mais sont volatilisés par la libération brutale de leur énergie cinétique lors de leur impact avec le sol. De ce fait, seuls les objets de taille intermédiaire (typiquement de la dizaine de centimètres à quelques dizaines de mètres) sont susceptibles d’engendrer des météorites – leur arrivée se signale par un météore plus brillant qu’une simple étoile filante : un « bolide ». Météores, météorites et cratères d’impact sont donc les différentes formes observables d’un même processus : la collision de la Terre avec les « petits corps » qui peuplent l’espace interplanétaire (poussières, météoroïdes ou astéroïdes selon leur taille). Leur observation intéresse tout particulièrement la communauté scientifique : les astronomes qui cherchent à mieux comprendre l’environnement de la Terre et les rentrées atmosphériques, les minéralogistes et les cosmochimistes qui étudient les matériaux extraterrestres et aussi les spécialistes des surfaces planétaires qui s’intéressent aux cratères d’impact. Tous ces sujets scientifiques sont susceptibles de bénéficier des apports de la science participative. C’est ainsi que plusieurs volets de participation ont été pensés et développés avec les différents chercheurs impliqués dès le départ du projet Vigie-Ciel, et co-construits avec des partenaires et des participants. Ces volets, qui s’adressent à des publics différents (néophytes ou amateurs), impliquent une participation sur le terrain ou en ligne. Ainsi, outre (1) contribuer à la découverte de nouvelles météorites, les participants ont la possibilité (2) de signaler l’observation d’un bolide – les citoyens sont invités à nourrir la base de données d’observation de météores mise en œuvre par l’American Meteor Society ; et (3) de rechercher des cratères d’impact potentiels à la surface de la Terre en examinant des images en relief ombré (programme Vigie-Cratère). En retour, Vigie-Ciel met à leur disposition une information scientifique et leur offre la possibilité de monter en compétences sur ces thématiques, ce que favorise l’engagement qui est au cœur de leur démarche. À cette fin, Vigie-Ciel s’est appuyé depuis le départ sur un réseau de relais pédagogiques distribués partout en France (structures de médiation, clubs d’astronomie, planétariums et autres établissements ayant des missions de recherche, d’enseignement et de diffusion). Ces relais (Figure 3), qui ont contribué à l’élaboration du projet, continuent à assurer son animation en s’appuyant sur les outils pédagogiques mis à leur disposition : expositions de panneaux, présentations et, surtout, mallettes pédagogiques (Figure 4), dont la distribution a permis de rendre des météorites accessibles à des publics variés. De 2015 à 2018, plusieurs sessions de réflexion en vue de la construction du projet ont été organisées (Figure 5), ainsi que quatre sessions de formation à l’utilisation des outils pédagogiques (juillet 2017, juin 2018, septembre 2018 et avril 2019 – Figure 6). À ces sessions ont participé des médiateurs des relais et des enseignants désireux de s’impliquer dans le projet en se formant à ses thématiques et à ses méthodes, ce qui leur a permis à leur tour d’organiser des formations pour leurs publics ou bien pour leurs élèves (Figure 7) contribuant à construire, on l’espère, la possibilité de développer à terme le volet Vigie-Ciel École du programme.

Figure 3 – Les relais du projet Vigie-Ciel (relais régionaux dépositaires des ensembles de valises pédagogiques et relais nationaux. Les autres relais ne figurent pas sur cette carte mais ils peuvent être retrouvés ici (liste évolutive).

Figure 4 – Vue d’ensemble de la mallette pédagogique Vigie-Ciel. Cette mallette est composée de 4 valises susceptibles d’être utilisées conjointement ou indépendamment : (1) Jeu de reconnaissance (vraies et fausses météorites à distinguer) ; (2) Météorites représentatives (destinées à être présentées mais pas manipulées) et roches terrestres servant à expliquer les météorites ; (3) Macroscope : dispositif permettant de regarder à l’œil et à la loupe des lames minces de météorites et de quelques roches terrestres ; (4) Outils de mesures physique pour visualiser les propriétés spécifiques des météorites.

Figure 5 – Les relais du projet Vigie-Ciel à l’issue de la visite de l’exposition « Météorites, entre Ciel et Terre » à l’occasion d’une des réunions de co-construction du programme Vigie-Ciel. Muséum national d’Histoire naturelle, février 2018.

Figure 6 – Médiateurs scientifiques et enseignants apprennent à identifier des cratères d’impacts lors d’une session de formation organisée au MNHN (septembre 2018).

Figure 7 – Animations scientifiques assurées par les relais du programme, en milieu scolaire (a) et en milieu associatif : (b) par le Planétarium Roannais, Riorges (c) par la Société Astronomique de Bourgogne, Dijon et (d) par l’association Astrolys, La Chapelle-Aux-Lys). © (a) J. Lazzarotto, (b) E. Bouchez, (c) H. Boucher et (d) O. Sauzereau.
Dix ans plus tard : un réseau solidement établi et de beaux succès !
Dix années et de nombreuses péripéties plus tard, l’engagement sans failles de ses relais fait du programme Vigie-Ciel l’un des points d’entrée des citoyen(ne)s dans les thématiques scientifiques des matériaux extraterrestres et de nos origines. Chacun(e) est à même de participer, depuis le signalement de l’observation fortuite d’un bolide jusqu’à l’étude en ligne d’images satellitaires pour la recherche de cratères d’impact, en passant par la contribution – fortuite ou préméditée – à la découverte de météorites sur le terrain.
Météores : un partenariat fécond avec l’American Meteor Society
Fondée en 1911, l’American Meteor Society (AMS) a connu une activité accrue avec l’implication énergique d’un citoyen qui, il y a un peu plus d’une dizaine d’années, a développé un outil de signalement en ligne des bolides après avoir fortuitement été témoin d’un événement spectaculaire. Cet outil, accessible au plus grand nombre, permet de visualiser l’ensemble des témoignages concernant n’importe quel bolide. Il couvre très précisément les besoins de Vigie-Ciel en matière de météores et l’équipe projet a travaillé avec l’équipe de l’AMS pour rendre transparent l’accès à cet outil en français et intégrer automatiquement les observations faites par les caméras FRIPON à la visualisation des témoignages des divers événements (Figure 8).

Figure 8 – Exemple de l’événement du 6 avril 2025. Sur cette carte zoomée, on voit où étaient placés une partie des contributeurs listés à gauche et également en-dessous avec plus de précisions, notamment le site par lequel ils ou elles ont abordé le formulaire. On peut aussi cliquer sur l’un des petits personnages et lire ses éventuels commentaires (cf légende Figure 11). Les deux listes sont tronquées (il y avait 89 contributeurs). La carte affiche un calcul automatique de la trajectoire fait à partir des témoignages (flèche bleue). Elle affiche aussi l’emplacement des caméras FRIPON ayant vu le bolide et une trajectoire elle aussi calculée de manière automatique à partir de ces observations (flèche orange). On peut voir également 2 vidéos et 4 photos déposées par les contributeurs – lorsque ceux-ci sont bien localisés, de telles images peuvent s’avérer très précieuses pour la reconstruction précise de la trajectoire d’un bolide. Dans les cas où le météore observé n’est pas lié à l’entrée atmosphérique d’un objet extraterrestre (par exemple s’il s’agit d’un satellite artificiel), cela est indiqué en haut dans le bandeau. L’absence d’une telle indication dans le cas présent indique qu’il s’agit d’un bolide d’origine naturelle.
Ce partenariat s’est révélé fructueux pour l’AMS car il contribue à augmenter le nombre de contributeurs sur sa plateforme : depuis 5 ans, Vigie-Ciel dispute la 3ème place au réseau britannique UKMON (la première, de très loin, revenant au site de l’AMS lui-même et la seconde au site international de l’International Meteor Organization -IMO). Vigie-Ciel et UKMON contribuent chacun à hauteur de 7 à 8% des témoignages dans le monde, soit près de 30% des témoignages émanant depuis l’Europe (Figure 9). Mais ce partenariat s’est avant tout révélé extrêmement fructueux pour le programme Vigie-Ciel : l’outil de signalement contribue à transformer la fascination exercée par l’observation fortuite d’un bolide en une participation au programme et, surtout, en un intérêt confirmé pour ses thématiques scientifiques. En effet, tout un chacun est susceptible d’observer le phénomène et de s’interroger sur sa nature ce qui, tout naturellement, conduit à témoigner et à chercher s’il existe d’autres témoins, et invite à participer aux éventuelles campagnes de terrain. L’outil de signalement des bolides permet ainsi une participation citoyenne dans un des domaines de l’astronomie sans nécessiter d’avoir recours à des instruments qui peuvent s’avérer coûteux ou d’un maniement complexe. Il s’est aussi avéré très précieux pour l’aide qu’il apporte à la recherche de météorites sur le terrain car les observations des participants et notamment les photos, vidéos et précisions qu’ils déposent sur le site (Figure 8) sont complémentaires des détections effectuées par les caméras FRIPON, ainsi que cela sera explicité plus loin dans le cas emblématique de la météorite de Saint-Pierre-le-Viger…

Figure 9 – Nombre de signalements de bolides sur le formulaire de l’American Meteor Society depuis 2021. Les accès depuis les sites de l’International Meteor Organization, de Vigie-Ciel et de l’UK Meteor Network sont, de loin, les plus nombreux après les accès directs sur le site de l’AMS. On notera que le réseau PRISMA (Italie) est une extension du réseau FRIPON et que le réseau UKMON (Grande Bretagne) comporte lui aussi des caméras FRIPON.
Vigie-Cratères : près d’un septième de la surface terrestre déjà exploré !
Depuis le début du XXème siècle, près de 200 structures d’impact ont été découvertes sur notre planète. Plusieurs études scientifiques montrent que de nombreux cratères restent à découvrir en surface et en profondeur (Hergarten and Kenkmann, 2015). Vigie-Cratère propose aux apprentis chercheurs de cratères un nouveau protocole d’identification basé sur des données topographiques (relief ombré) qui peuvent révéler des dépressions circulaires invisibles sur l’imagerie satellite. Ce sont ainsi 200 000 images en relief ombré de 50×50 km avec une résolution de 90 m basées sur les données altimétriques SRTM (Shuttle Radar Topography Mission) qui seront analysées. Depuis fin 2019, 13.7% de la surface terrestre a été explorée par les participants du programme. Près de 400 parmi eux ont dessiné 8301 structures circulaires qui ont par la suite été analysées par un groupe de chercheurs et d’étudiants. Parmi ces structures candidates, la majorité d’entre elles ont été identifiées comme des structures volcaniques, d’érosion ou anthropiques. Seules 64 structures ont retenu l’attention et seront analysées plus en détails dans le cadre d’un stage de Licence 2. Dans un premier temps, les structures déjà connues seront identifiés. Pour chaque structure candidate restante, le contexte géologique, la morphologie et le processus de formation seront déterminés à partir de cartes géologiques régionales, de données géophysiques et des publications. Par exemple, la structure ci-dessous, identifiée par le participant Arken, d’un diamètre de 5.2 km située à côté du parc régional Kiamika au Canada a toutes les caractéristiques morphologiques d’une structure impact mais a été finalement identifiée comme une structure intrusive constituée de roches magmatiques. L’enquête se poursuit avec l’analyse des autres candidats et l’exploration des 87% de la surface terrestre restante.

Figure 10 – Structure de Kiamika identifiée dans les données topographiques (haut) et peu visible dans l’imagerie spatiale (bas).
Météorites : des tentatives infructueuses aux succès de 2023…
À partir de 2017, de nombreuses recherches sur le terrain ont été menées par l’équipe Vigie-Ciel et ses partenaires régionaux et locaux, à titre de test surtout pour les premières. Sur la base de ces expériences, plusieurs protocoles ont pu être développés et affinés ;
- Pour l’accès aux terrains privés : communication avec les élus et avec les habitants par des courriels, des rencontres et via les médias ; distribution de documents d’information (flyer avec les caractéristiques d’une météorite et les coordonnées de l’équipe, foire aux questions) ; identification des propriétaires des terrains avec l’aide de la mairie et du cadastre ;
- Pour l’organisation des campagnes de recherche (identification d’une coordination locale, obtention des autorisations, assurances…) ;
- Pour accompagner les participants (rédaction d’un Guide des Cueilleurs de Météorites et d’une Charte des Cueilleurs de Météorites) ;
- Pour la mise en place d’une communication efficace sur les réseaux sociaux et dans les médias. En effet, il est important de souligner l’importance extrême que revêt la communication dans un projet de ce type, des citoyens informés étant beaucoup plus à même de participer au projet (à la suite d’une découverte fortuite, en autorisant l’accès à leurs terrains privés ou même en participant de manière active à la recherche).
Une vingtaine campagnes de terrain infructueuses menées en France de 2017 à 2022 (soit 3 à 4 par an – Figure 11) avaient fini par entamer le moral des troupes. Des découvertes avaient cependant été effectuées dans des pays limitrophes équipés de caméras FRIPON et où les méthodes de recherche étaient inspirées de celles développées par Vigie-Ciel : Italie (Cavezzo, 2020), Royaume-Uni (Winchcombe, 2021 – une météorite de nature exceptionnelle) et Autriche (Kindberg, tombée en 2020 et retrouvée en 2021). Mais les obstacles sont nombreux sur le terrain (habitations, couvert forestier inaccessible, système hydrographique, parcelles cultivées…) et l’impression était que le taux de découvertes du XXème siècle (1 météorite tous les 10 ans) allait être maintenu au XXIème siècle puisque les deux dernières découvertes remontaient respectivement à 2002 (Alby-sur-Chéran) et 2011 (Draveil – météorite dont la découverte a largement contribué à la mise en œuvre du projet FRIPON/Vigie-Ciel).

Figure 11 – Recherche sur le terrain dans le Lot-et-Garonne, le 7 mars 2021 (suite au bolide du 27 février à 23h43).
2023 allait fort heureusement faire « mentir la statistique » – une expression à prendre avec beaucoup de distance, bien sûr, puisqu’on parle ici de tout petits nombres ! Disons que les deux découvertes successives de 2023 sont arrivées à point nommé, et que les différences majeures entre ces deux événements démontrent que le projet est apte à couvrir des situations très variées.
Le dimanche 12 février 2023 à 20 h 18 TU (21h18 heure française), l’astronome hongrois Krisztián Sárneczky photographie pour la première fois un petit corps d’1m de diamètre situé à environ 200 000 km de la Terre et se dirigeant droit vers elle : l’astéroïde 2023 CX1 (cf https://www.vigie-ciel.org/2023/02/12/entree-imminente-dasteroide-au-dessus-de-la-manche/). L’entrée atmosphérique est prévue à la seconde près : ce sera pour 2h 59 min 21 sec TU (soit 03h 59min 21sec, heure locale française) le 13 février et se présentera sous la forme d’un bref et intense flash rivalisant avec la Lune et illuminant les cieux du Nord de la France, de l’Angleterre et du Benelux… (cf https://www.vigie-ciel.org/2023/02/13/entree-atmospherique-de-2023-cx1/). C’est la 7ème fois depuis le début des observations astronomiques (et même depuis l’histoire de l’humanité) qu’un astéroïde est découvert avant qu’il ne pénètre dans notre atmosphère. Et c’est probablement l’un des plus attendus par des astronomes amateurs autant que professionnels : en effet, l’information ayant été largement distribuée par l’Union Astronomique Internationale et relayée, notamment, par le site de l’IMO et celui de Vigie-Ciel, de nombreux observateurs sont à pied d’œuvre de part et d’autre de la Manche (Figure 12). 84 signalements sont déposés sur le site de l’AMS, accompagnés de 17 vidéos et 6 photos. Ces images, auxquelles s’ajoutent celles qui ont été adressées directement aux équipes de recherche et celles que ces équipes ont pu retrouver sur les réseaux sociaux ou à travers de nombreux contacts se sont avérées extrêmement précieuses dans la reconstitution de la trajectoire du bolide, en complément de celles obtenues par les caméras de FRIPON et des autres réseaux. Certains observateurs ont volontairement ajouté des précisions utiles (Figure 12) ou même accepté de retourner ultérieurement sur les lieux de leur observation afin de permettre une calibration des conditions dans lesquelles ces observations ont été effectuées. Ainsi, la précision avec laquelle cette trajectoire a été déterminée est-elle totalement inégalée…

Figure 12 – Rentrée atmosphérique de l’astéroïde 2023 CX1à 3h59 heure locale le 13 février 2023, vue depuis Garches (Île de France). © Ewn A – Cet observateur précise sur le site « I have the RAW cr2 files of the image, as well as some shots right before observing the asteroid (same settings, same camera position, only thing that moved was the stars in the shots) that i can send over if it can help 🙂 » (« J’ai les fichiers RAW cr2 de l’image, ainsi que quelques photos prises juste avant l’observation de l’astéroïde (mêmes réglages, même position de l’appareil photo, seules les étoiles ont bougé sur les photos) que je peux envoyer si cela peut aider 🙂 »).
Dès le lendemain de la chute, les premiers calculs indiquent que des pierres sont tombées en Normandie (https://www.vigie-ciel.org/2023/02/14/4964/) « entre Dieppe et Doudeville » et une petite équipe FRIPON/Vigie-Ciel arrive pour reconnaître les lieux et prendre les premiers contacts. Les recherches sur le terrain débutent dès le jour suivant, le mercredi 15 février et sont couronnées de succès l’après-midi même, soit moins de 3 jours après la chute ! C’est une étudiante en art, Loïs Leblanc-Rappe, dont le regard est attiré par une pierre sombre affleurant à peine le sol d’un champ de la commune de Saint-Pierre-le-Viger (Seine-Maritime) qui découvre la première pierre (https://www.vigie-ciel.org/2023/02/15/une-meteorite-normande-issue-de-2023-cx1-retrouvee/). Au cours de la dizaine de jours qui suivent, 11 autres découvertes faites par des bénévoles de tous âges et par des scientifiques viennent compléter la collection (https://www.vigie-ciel.org/2023/02/22/meteorites-normandes-bilan-dune-folle-semaine/). L’obtention d’échantillons multiples répartis sur une distance de 7 km qui, entrés dans la collection nationale de météorites conservée au Muséum, sont mis à la disposition de la communauté scientifique constitue l’un des succès majeurs du programme FRIPON/Vigie-Ciel. En effet, tant d’un point de vue patrimonial que d’un point de vue scientifique, il est important que de nombreux échantillons d’une chute puissent être conservés. Dans le cas de la météorite de Saint-Pierre-le-Viger, par exemple, l’analyse de plusieurs échantillons issus de sites espacés de quelques kilomètres vise à évaluer la possibilité de déterminer s’ils proviennent de profondeurs différentes de 2023 CX1.
L’annonce anticipée de sept heures de la chute de 2023 CX1 et la multiplicité des images de cet événement mises à disposition de tous ont fait que l’ensemble de la communauté astronomique s’est rapidement trouvée à même de déterminer la zone de répartition des pierres tombées. Ainsi, dès le lendemain de la chute (14 février), l’International Meteor Organization publie la zone calculée par les astronomes hongrois Jiří Borovička et Pavel Spurný (https://www.imo.net/the-atmospheric-trajectory-of-2023-cx1-and-the-possible-meteorite-strewn-field/), et le site amateur Strewnify (https://www.strewnify.com/y20230213_02z_31u/) publie sa propre carte. Si les équipes FRIPON/Vigie-Ciel sont arrivées ce même jour sur les lieux, elles sont rapidement suivies de nombreux chasseurs indépendants venus de France mais aussi de plusieurs pays européens et même des États-Unis… Bien que les habitants de la zone aient de prime abord réservé un excellent accueil aux équipes scientifiques, la situation se tend quelque peu sur le terrain (Figure 13) compte-tenu du nombre important de ces chasseurs indépendants dont tous ne respectent pas scrupuleusement les propriété privées quoique le site de Strewnify précise bien « IMPORTANT: The search area is very small and mostly private land. You must make arrangments and obtain permission before hunting! PLEASE act responsibily and respectfully, because your actions can affect the reputation of all meteorite hunters.” (« IMPORTANT : La zone de recherche est très restreinte et se compose essentiellement de terrains privés. Vous devez prendre des dispositions et obtenir une autorisation avant de chercher ! Agissez S’IL VOUS PLAÎT de manière responsable et respectueuse, car vos actions peuvent affecter la réputation de tous les chasseurs de météorites. »).

Figure 13 – La multiplicité des chercheurs de météorites sur la zone de chute des pierres de 2023 CX1 finit pas troubler quelque peu la paix du voisinage.
La « masse principale » de la météorite (le plus gros fragment de l’objet extraterrestre initial ayant survécu à la chute) est retrouvée dès le 17 février par deux chasseurs américains indépendants et bien décidés à en faire commerce puisqu’après l’enregistrement d’une vidéo publiée sur Facebook, ils expédient immédiatement l’échantillon aux États-Unis chez la personne chargée de la scier en tranches plus aisément monnayables. Mais, miracle de la participation citoyenne, le collectionneur et mécène britannique Bil Bungay (Figure 14) s’interpose : il rachète l’échantillon et le dépose au Muséum national d’Histoire naturelle pour qu’il puisse y être conservé et présenté à tous les publics.

Figure 14 – Bil Bungay (à gauche) et Bruno David, président du Muséum (à droite) le 1er juin 2023 lors de l’inauguration de la vitrine présentant aux publics les échantillons de la météorite de Saint-Pierre-le-Viger. La masse principale acquise par Bil Bungay (175 g) est visible en haut d’une tige au-dessus de la tête de la responsable scientifique du programme. Le visage que l’on devine à l’extrême droite de l’image est celui de Jérôme Lheureux, président de la communauté de communes de la Côte d’Albâtre, présent lors de l’événement, avec également Daniel Legros, maire de la commune de Saint-Pierre-le-Viger, ainsi que la propriétaire du terrain sur lequel cette pierre a été trouvée.
Mais les bonnes surprises de l’année 2023 ne s’arrêtent pas à la découverte de la météorite de Saint-Pierre-le-Viger ! Le 10 septembre à 0h13 heure locale (soit 22h13 le 9 septembre TU), un nouvel objet extraterrestre illumine le ciel au-dessus de la France – un événement signalé par 346 témoins sur les sites de Vigie-Ciel et de l’AMS et enregistré par 10 caméras FRIPON, ce qui permet une détermination très précise du lieu de chute. Hélas ! Celle-ci se situe en Sologne, dans une région présentant de nombreuses zones forestières clôturées et destinées à la chasse. L’espoir d’accéder aux terrains est minime, et l’équipe projet renonce à une campagne de terrain… Mais la météorite est tombée dans un jardin où elle a cassé une table et les propriétaires curieux s’intéressent à l’événement. Leurs interrogations finissent à les mener dans l’un des relais du programme : le Pôle de Étoiles de Nançay, un espace de médiation scientifique qui héberge une caméra FRIPON… Deux membres de l’équipe projet alertés arrivent rapidement sur place et confirment la nature de l’objet dont les 3 fragments (la météorite s’est fragmentée sur la table – Figure 15) seront acquis par le Muséum grâce à un mécénat…

Figure 15 – Les trois fragments accolés de la météorite tombée en Sologne le 10 septembre 2023. La météorite s’est fragmentée et a cassé la table sur laquelle elle est tombée et nous disposons même de l’enregistrement sonore de sa chute !
Les découvertes des deux météorites tombées en France en 2023 et de celles tombées antérieurement en Italie, au Royaume-Uni et en Autriche, quoique s’étant déroulées dans des conditions très différentes, présentent des similarités qui font ressortir les nécessités d’un programme de sciences participatives dont l’un des objectifs majeurs est de retrouver des météorites sur le terrain. Elles mettent avant tout en évidence l’importance des contacts humains (directs et indirects) et aussi celle de la versatilité des protocoles mis en place. Par exemple, si l’on compare les deux découvertes de 2023, dans le premier cas tous les échantillons ont été retrouvés par des équipes sur le terrain, constituées en majorité de bénévoles et d’habitants de la zone, tandis que dans le second cas, c’est grâce à l’un des relais du réseau que la météorite a pu être retrouvée. Les principaux traits communs qui caractérisent ces découvertes sont : (1) La détection d’un bolide (par des réseaux professionnels ou amateurs ou par des témoins fortuits qui publient leurs observations) ; (2) La diffusion de l’information auprès des publics grâce aux médias ; (3) La curiosité d’un(e) ou plusieurs citoyen(ne)s qui les amène à réagir une observation inhabituelle ; (4) L’existence de canaux de communication entre citoyens et scientifiques qui permet à l’information de circuler – l’un des objectifs du site de participation Vigie-Ciel.
Le Système solaire à portée d’humains
Tel a été momentanément le sous-titre du projet peu après son lancement… Si l’expression elle-même a été quelque peu oubliée, l’intention est restée au cœur du développement de Vigie-Ciel, porté par et pour son réseau humain. Depuis le lancement du projet en 2015, le réseau a été réuni en moyenne deux fois par an, avec des fréquences variables : réunions de réflexion et de co-construction plus fréquentes pendant les premières années, puis essentiellement de formation aux thématiques scientifiques et aux outils du projet de 2017 à 2019 (Figures 6 et 16). Ces premières sessions de formation n’ont pas pu être renouvelées pendant plusieurs années après la fin du financement initial de Vigie-Ciel par les Investissements d’Avenir (décembre 2019) … mais le soutien financier providentiel du PEPR Origins a permis de relancer la machine pour les années 2024-2025 : une première session de formation assurée par Planètes Sciences à Reims en décembre 2024, une autre aux Musées de la ville de Troyes en février 2025 en marge de l’exposition « Météorites, entre ciel et Terre » deux déjà planifiées à l’automne 2025 : à « l’Etoile Cévenole » à Alès en octobre, et une en Île de France en novembre 2025 (https://www.planete-1689) et deux autres en projet sur 2026. La Région Île de France a également fait le choix de soutenir le projet en finançant des réunions nationales en 2019, 2023 et 2025 (Figures 17 à 19) par l’intermédiaire de ses Domaines d’Intérêt Majeur (DIM ACAV+ puis Origines – https://dim-origines.fr/spip.php?article459). De telles réunions sont essentielles pour maintenir la cohésion du réseau, tenir tout à chacun au courant et discuter des avancées scientifiques du projet et, plus généralement, des thématiques auxquelles il se rattache et pour échanger sur les pratiques participatives et pédagogiques. La prochaine réunion nationale du projet se tiendra les 11 et 12 juin 2025 au Muséum (Figure 20 et https://www.patrinat.fr/fr/agenda/colloque-fripon-vigie-ciel-7323).

Figure 16 – Médiateurs et enseignants scientifiques apprennent à identifier des roches lors d’une formation organisée au Muséum (juillet 2017).

Figure 17 – Réunion nationale de la communauté Vigie-Ciel à la Cité des Sciences, 14 à 17 décembre 2019. L’événement débutait par des ateliers tous publics animés par les relais du projet les samedi 14 et dimanche 15 – l’événement « 1,2,3 Cherchez ! » (https://www.youtube.com/watch?v=xjq4ZjaQTc8). Un carton de jeu listait les ateliers (à gauche) et les personnes ayant participé à 3 de ces ateliers se voyaient remettre une petite météorite. Une réunion scientifique sur l’avancement du projet s’est tenue le lundi 16 dans le Planétarium (photo de groupe des participants à droite) et l’événement s’est conclu par des tables rondes sur les pratiques des uns et des autres le mardi 17.

Figure 18 – Photo de groupe des participants à la réunion nationale du réseau, du 1er au 3 juin 2023 au Muséum national d’Histoire naturelle.

Figure 19 – Atelier pratique et échange avec les relais de Vigie-Ciel à l’Observatoire de Paris le 3 juin 2023.

Figure 20 – L’affiche annonciatrice du colloque FRIPON/Vigie-Ciel des 11 et 12 juin 2025 (https://www.patrinat.fr/fr/agenda/colloque-fripon-vigie-ciel-7323).
Mais le réseau humain du programme Vigie-Ciel ne se limite pas à ses relais et à quelques participants très actifs. Le projet est tourné vers l’ensemble de ses participants (confirmés ou potentiels) et, plus généralement, vers tous les publics. En effet, il constitue une formidable opportunité de les sensibiliser à la démarche scientifique et également au rôle des collections dans les muséums dans la préservation et la valorisation du patrimoine des sciences naturelles. C’est vers ces publics que sont dirigées toutes les actions de diffusion conduites dans le cadre du programme par les relais comme par l’équipe projet. Ainsi, le site web de Vigie-Ciel comporte une rubrique dédiée aux actualité scientifiques concernant la surveillance du ciel, des articles de fond sur les thématiques des météores, météorites et cratères, et les événements importants sont, autant que possible, suivis de retours. On citera également la mise en place dans la Galerie de géologie et de minéralogie du Muséum de la première vitrine consacrée aux actions de sciences participatives et présentant les échantillons de la météorite de Saint-Pierre-le-Viger (Figure 21, https://www.vigie-ciel.org/2023/05/30/une-collection-vivante-de-nouvelles-meteorites-dans-la-galerie-de-geologie-et-de-mineralogie/) et les conférences ou animations menées après coup sur les lieux de recherches sur le terrain (Figure 22) et qui constituent une forme de retour direct pour les participant(e)s.

Figure 21 – Vitrine consacrée à Vigie-Ciel et aux découvertes faites à Saint-Pierre-le-Viger, Galerie de géologie et de minéralogie du Muséum.

Figure 22 – Conférence et animations à Rocquigny (Ardennes) le 1er mars 2024, suite à une chute et des recherches de terrain infructueuses au mois de janvier précédent.
Sciences avec et POUR la société
Avoir contribué à la découverte de deux nouvelles météorites tombées en France et avoir fait en sorte que celles-ci puissent, en totalité ou en partie, être conservées au Muséum est l’un des indéniables succès du programme Vigie-Ciel. On y ajoutera les mérites d’avoir déjà rassemblé des milliers de participants, de concourir à redonner aux météorites leur valeur d’objets de science au-delà de leur valeur marchande, et de bénéficier d’une large couverture médiatique qui permet à ce programme d’offrir à de nombreux publics une porte d’entrée aux thématiques scientifiques de nos origines. Par ailleurs, l’acquisition de deux nouvelles météorites par la collection nationale est une ouverture scientifique, avec d’ores et déjà des résultats qui viennent s’ajouter à ceux du projet FRIPON (https://www.fripon.org/peer-reviewed/). L’étude transdisciplinaire de la rentrée atmosphérique de l’astéroïde 2023 CX1 et des échantillons des pierres météoritiques qui en sont le reliquat fait l’objet d’une publication scientifique rassemblant près de 80 auteurs issus d’une quinzaine de pays et actuellement en cours d’évaluation. Cette publication capitalise sur l’analyse de d’échantillons multiples issus de sites espacés de la zone de chute, un résultat direct de l’implication citoyenne dans la campagne de terrain qui a permis de retrouver ces échantillons.
Une autre contribution scientifique de Vigie-Ciel est que l’expérience acquise dans le cadre de ce programme de sciences participatives a pu être partagée et enrichie par des interactions au sein du réseau Science Ensemble de l’Alliance Sorbonne Université. Ce réseau, constitué par des porteurs de programme de sciences participatives dans des disciplines variées, constitue un espace de recherche et de réflexion sur leurs pratiques. Grâce aux interactions favorisées par ce réseau, Vigie-Ciel a, par exemple, été l’un des deux cas d’étude du mémoire de Marie-France Mifune dédié à la synergie possible entre la médiation scientifique et les sciences participatives : https://www.science-ensemble.org/ressources/lgjzb-2020-mediation-et-sciences-participatives-comment-definir-et-caracteriser-la-fonction-de-mediateur-rice-dans-les-programmes-de-sciences-participatives. Des relais du programme ont également été invités à témoigner lors du colloque dédié à l’évaluation des programmes de sciences participatives et partager leur expérience : https://www.science-ensemble.org/upload/attachment/61e94919a20fc911531728.pdf. Enfin, le programme Vigie-Ciel sera également cité dans un ouvrage collectif sur les sciences participatives, à paraitre fin 2025 (éditions MNHN).
Un bénéfice additionnel du programme se situe dans un tout autre domaine : les aventures qui ont accompagné la découverte de la météorite de Saint-Pierre-le-Viger ont été l’occasion de faire prendre conscience aux pouvoirs publics de l’obstacle pour la conservation et la valorisation scientifique des météorites que constitue, en France, l’absence d’encadrement juridique de leur prospection et de leur appropriation (cf https://www.numerama.com/sciences/1272830-si-je-ramasse-une-meteorite-est-elle-a-moi.html). En effet, seul le code civil protège les terrains privés de la prospection sans autorisation de leur propriétaire et il sert de base aux jurisprudences qui définissent l’appropriation des météorites, sur la base de la distinction entre les biens « immeubles » (incorporés dans le sol) et les biens meubles (détachés du sol). Ainsi, les quelques dernières dizaines de centimètres parcourus par ces objets à l’issue d’un voyage de milliards de kilomètres changent leur destinée : s’ils restent en surface, ils reviennent au découvreur, tandis qu’ils reviennent au propriétaire du terrain s’ils se sont enfoncés dans le sol. Ce n’est donc que par des négociations avec les propriétaires et/ou les découvreurs de météorites qu’a pu se constituer au fil du temps la collection nationale de météorites conservée au Muséum, collection qui est un précieux instrument de recherche pour la communauté scientifique internationale. Il serait souhaitable qu’une loi garantisse les possibilités de conservation et de valorisation scientifique des météorites par les institutions publiques, tout en reconnaissant des droits aux différents protagonistes (propriétaires de terrains et découvreurs). Il est permis d’espérer que les événements qui ont marqué les chutes de 2023 amèneront quelques avancées dans cette direction…
Vigie-Ciel : un réseau, une équipe, des institutions !
Impossible de finir cette narration des 10 ans de l’aventure Vigie-Ciel sans remercier toutes celles et tous ceux qui, à des titres divers, personnel ou professionnel, individuel ou institutionnel, ont permis au projet de vivre et de fructifier ! Les participant(e)s qui sont au cœur du dispositif ne sauraient être listé(e)s, mais le lecteur trouvera ici une liste évolutive des relais du programme et ici une page consacrée à l’équipe, aux institutions de rattachement et aux autres soutiens du projet.