Des pluies météoriques pour « juilletistes »
Vous faites partie des « juilletistes » ? Cette espèce de touristes qui ont cru bon de prendre leurs vacances pendant la premières période des congés scolaires ? Et vous venez de réaliser en lisant votre magazine scientifique préféré que le maximum d’activité de la pluie d’étoiles filante des célèbres « Perséides » a lieu aux alentours du 12 août ? Pas de panique ! Cette année, le pic des Perséides (et même les pics, à lire dans un prochain article) aura(ont) lieu alors que la Lune sera quasi-Pleine. Et plusieurs sources de météores de moindre activité, mais tout aussi intéressantes à observer, sont actives à la fin du mois de juillet, lorsque la Lune sera nouvelle, donc absente du ciel ! Alors ne pleurez plus, les « juilletistes » aussi ont leurs pluies !
Delta-Aquariides Sud, alpha-Capricornides, Pisces Austrinides : les noms barbares des pluies des « juilletistes »
Si les termes delta-Aquariides Sud (SDA), alpha-Capricornides (CAP) et Pisces Austrinides (PAU) ne vous évoquent rien, c’est normal. Ces noms réveillent de doux souvenirs uniquement aux astronomes ayant des connaissances plus approfondies dans les pluies d’étoiles filantes. Et ils correspondent aux trois pluies météoriques les plus actives en cette fin de mois de juillet. Par un effet de perspective, toutes les étoiles filantes d’une même pluie semblent provenir d’un même point du ciel, le radiant. Dont la position détermine le nom de la pluie météorique. Ainsi, celui des Perséides est localisé dans la constellation de Persée lors du maximum. Suivant cette même logique, le radiant des delta-Aquariides Sud est localisé dans le Verseau (Aquarius en latin), celui des alpha-Capricornides dans le… Capricorne (ça y est, vous commencez à prendre le pli) et celui des Pisces Austrinides dans le… Poisson Austral (OK, on vous l’accorde, c’était moins évident pour celle-là, voir Figures 1 et 2). Certaines de ces pluies, comme les alpha-Capricornides, sont déjà actives depuis le début du mois de juillet, donnant naissance à une étoile filante par heure environ. Mais leur activité va continuer d’augmenter pour culminer à la toute fin du mois : le maximum des PAU est prévu le 28 juillet, et celui des SDA et des CAP a lieu le 30.

Figure 1- Position des radiants des pluies météoriques des delta-Aquariides sud (SDA), des alpha-Capricornides (CAP), des Pisces Austrinides (PAU) et de la source Antihéliaque (ANT) au cours de l’été. Crédit : IMO
Un complexe de sources et une quinzaine d’étoiles filantes par heure
En réalité, les pluies de météores actives dans cette régions sont bien plus nombreuses que les trois précitées, puisque l’UAI (Union Astronomique Internationale) y a répertorié une douzaine de sources, d’origines diverses. Elles font donc partie d’un vaste complexe (Figure 2) qui va être la source de nombreux météores. Si la plus active des pluies est sans contestes celle des delta-Aquariides Sud, mais l’activité combinée de toutes les sources devrait représenter une quinzaine d’étoiles filantes observables par heure en milieu de nuit (00h TU, soit 02h, heure locale française), à la fin du mois de juillet.

Figure 2- Configuration 2025 de la position de radiants du complexe de sources localisées dans les constellations du Capricorne, du Verseau et du Poisson Austral, fin juillet, vers 2h, heure locale. Crédit : Stellarium
Les delta-Aquariides Sud: la 5ème pluie météorique la plus active de l’année
La plus active d’entre elles est donc celle des delta-Aquariides Sud : bien qu’elle soit relativement peu connue, son ZHR (Zenithal Hourly Rate) atteint pourtant 25 lors du pic (le 30 juillet) et même reste à des niveaux proches de 20 pendant près de 48 heures autour du maximum, ce qui la place en 5ème position des pluies météoriques les plus actives de l’année ! Active du 12 juillet au 23 août, c’est l’une des principales pourvoyeuse de l’été, et l’astre à l’origine de ces météores n’est pas encore clairement identifié, même s’il pourrait s’agir de la comète* C/1490 Y1 (dont la fragmentation a donné naissance à 96P/Machholz et l’astéroïde* 2003 EH1, sources, entre autres des Quadrantides et des Ariétides diurnes).

Figure 3- Simulation des météoroïdes* potentiellement issus de la comète C/1490 Y1 et donnant naissance à la pluie des delta-Aquariides sud. Crédit: Meteorshowers.org
Les autres pluies météoriques ont des périodes d’activité s’étendant sur quasiment tout l’été, mais des taux d’activité moindres (ZHR d’environ 5 lors du maximum pour les CAP et PAU, et plutôt de 2 à 3 pour toutes les autres sources du complexe météorique actif). C’est l’activité cumulée de ces pluie, combinée à celle de la source Antihéliaque (ANT) qui trône au milieu du complexe (Figure 1), qui devrait ravir les astronomes « juilletistes » ! D’autant que la Lune est nouvelle le 24 juillet : dans la nuit du 29 au 30 juillet, le croissant de Lune se couche vers 23h (locales), alors que le Verseau sera tout juste en train de se lever au-dessus de l’horizon Est-Sud-Est. Notre satellite naturel ne sera donc d’aucune gêne pour admirer ces météores de vitesses apparentes lente à moyenne (vitesse d’entrée des météoroïdes de 23 km/s pour les CAP, de 30 km/s pour les ANT, de 35 km/s pour les PAU, et de 41 km/s pour les SDA), et qui peuvent parfois être très lumineux !
Et pourquoi pas observer également quelques Perséides ?
L’idéal, pour profiter au mieux du spectacle, est de centrer son champ de vision sur la constellation des Poissons, en se décalant d’une dizaine de degrés à l’Est de Saturne. Ainsi, vous pourrez voir plus de météores, et surtout, pour les plus motivés, vous pourrez distinguer leur radiant d’origine si vous les tracez sur une carte dédiée (carte dite gnomonique). Et petit bonus : l’activité des Perséides aura également débuté, fin juillet, et leur ZHR devrait déjà être compris entre 5 et 10, ce qui est loin d’être négligeable. Et en observant ce champ céleste, vous pouvez en observer une demi-dizaine par heure !
Une manière comme une autre de faire un pied-de-nez aux « aoûtiens » !