Perséides 2021 : le grand spectacle

8 août 2021 Non Par Karl Antier

S’il est un événement météorique à ne pas rater en 2021, c’est bien la célèbre pluie de météores des Perséides ! Ce phénomène plus connu du grand public sous le nom de « nuit des étoiles filantes » est associé à la rencontre entre notre planète et immense nuage de poussières dont nous traverserons le cœur dans la nuit du 12 au 13 août. En 2021, le croissant de Lune se couchera en début de nuit : le public pourra donc les observer tout à loisir dans des conditions parfaites… sous réserve que les conditions météorologiques soient de la partie !

Compilation de 69 Perséides enregistrées dans la nuit du 12 au 13 août 2017 par la station vidéo de May-sur-Orne de Stéphane Jouin. Crédit : Stéphane Jouin, BOAM

Les « Nuits des Étoiles Filantes » qui entourent le 12 août sont bien connues du grand public, à tel point que nombre de personnes imaginent que c’est la seule période de l’année où l’on peut observer des météores* (synonyme d’étoiles filantes*). En réalité, il n’en est rien : les météores peuvent être observés toute l’année, et à n’importe quelle heure de la nuit ! Mais il est des périodes où ils sont bien plus nombreux. C’est le cas aux alentours du 12 août (avec la pluie des Perséides), mais également vers le 14 décembre (avec les Géminides) ou le 3 janvier (avec les Quadrantides).

Les Perséides : des poussières de comète

Car les étoiles filantes sont l’éphémère témoignage lumineux qu’une poussière interplanétaire (appelée météoroïde*, dont les dimensions sont de l’ordre de quelques micromètres ou millimètres pour la majorité d’entre eux) vient de pénétrer dans l’atmosphère terrestre à très grande vitesse (entre 12 et 72 km/s). Si la Terre rencontre des zones du Système solaire où la densité de poussières est plus importante, il en résulte une augmentation du nombre d’étoiles filantes visibles. Or, il se trouve que le noyau des comètes*, ces « boules de neige sale » issues des confins gelés du Système solaire, ont une surface glacée. A leur approche du Soleil, les glaces qu’elles contiennent se subliment (elles passent de l’état solide à l’état gazeux sans passer par l’état liquide) lorsqu’elles sont exposées au Soleil. Elles libèrent ainsi dans l’espace les particules de roches qu’elles contenaient sur son passage, formant un nuage de poussières qui se dispersent lentement. Lorsque la Terre traverse ces nuages de météoroïdes, elle rencontre plus de particules, et le nombre d’étoiles filantes augmente donc en proportion.

La comète 109P/Swift-Tuttle photographiée en 1992 par Herman Mikuz (Observatoire Crni Vrh, Slovénie). Crédit : cometography.com

Vous ne l’avez probablement pas remarqué, mais c’est ce qui se passe depuis le 17 juillet. A cette date, la Terre a commencé à rencontrer les premières particules issues d’une comète longue période (elle revient à proximité du Soleil, et donc de la Terre, tous les 133 ans environ), 109P/Swift-Tuttle. Ce qui a donné naissance aux première Perséides de l’année ! Depuis cette date, la Terre s’enfonce de plus en plus profondément dans le nuage de météoroïdes issus du noyau de cette comète, dont le dernier passage dans notre voisinage eu lieu en décembre 1992. Conséquence directe : depuis mi-juillet, l’activité des Perséides ne cesse de grimper. Jusqu’au moment où notre planète sera au plus profond du nuage de poussières, ce qui devrait arriver dans la nuit du 12 au 13 août. A cet instant, le ZHR* pourrait atteindre 110, ce qui signifie que dans des conditions parfaites, un observateur pourrait alors observer 110 étoiles filantes par heure. Comme ces conditions parfaites sont difficiles à réunir (présence de Lune, couverture nuageuse, hauteur du radiant, pollution lumineuse, etc.), le nombre de météores réellement observé sera moindre, mais en respectant certains conseils, un observateur peut tout de même espérer capter 60 à 80 Perséides par heure !

Observez en fin de nuit…

Comme leur nom l’indique, les Perséides semblent toutes provenir d’une même région du ciel, le radiant*, localisé dans la constellation de Persée. Ceci est dû à un effet de perspective : de même que les passagers d’un véhicule roulant sous la neige ou la pluie auront l’impression que les flocons ou les gouttes proviennent d’un même point (vers lequel le véhicule se dirige), les météores d’une même pluie d’étoiles filantes* sembleront provenir d’une même région du ciel. Or, en début de nuit, la constellation de Persée est très basse sur l’horizon. Et plus un radiant est bas, moins le nombre de météores observés sera important. Ainsi, à activité égale, un observateur devrait observer 10-15 Perséides en début de nuit, contre 60-80 en fin de nuit ! Une des premières consignes à respecter est donc d’observer en seconde moitié de nuit, même s’il est plus agréable de prolonger une soirée sous les étoiles que de se lever très tôt le matin !

Schéma de la traversée par la Terre du nuage de météoroïdes libérés par la comète 109P/Swift-Tuttle. Crédit : IMO, AMS

…sous des ciels bien noirs…

Le deuxième conseil consiste à essayer d’observer sous des cieux les plus sombres et avec l’horizon le plus dégagé possibles. Car même si les Perséides semblent provenir de Persée, elles peuvent apparaître partout dans le ciel, et il est même déconseillé de centrer son champ de vision sur cette constellation. Évitez également tout point lumineux artificiel qui va faire disparaître du ciel les étoiles – et donc les météores – les moins lumineux : plus le ciel sera noir, plus vous verrez de météores ! Si vous pouvez observer en pleine campagne, voire en montagne, c’est parfait. Si vous ne pouvez sortir d’une ville ou d’un village, ne désespérez pas, mais évitez toutefois d’être en contact direct avec une source de lumière. Et si vous devez utiliser une source de lumière (lampe de poche, lampe frontale), teintez-la avec un filtre rouge : elle vous éblouira bien moins qu’une lumière blanche.

Position du radiant des Perséides pendant la nuit du 12 au 13 août, lors du maximum d’activité de la pluie d’étoiles filantes. Crédit : IMO, AMS

…et restez concentrés !

C’est le dernier conseil : restez concentré ! Car si les météores les plus lumineux sont facilement visibles, même sans grosse attention, les plus faibles eux, requièrent un peu plus de concentration, et nécessitent d’avoir les yeux rivés vers le ciel le plus continument possible. En respectant ces consignes, vous vous apercevrez rapidement que le nombre d’étoiles filantes observées va considérablement augmenter !

Une Perséide par minute dans la nuit du 12 au 13 août

Reste dès lors à choisir sa nuit d’observation. Le maximum d’activité « classique » (le moment où la Terre est au plus profond du nuage de météoroïdes libérés par 109P/Swift-Tuttle) des Perséides est attendu entre le 12, 14h TU et le 13 août, 03h TU (soit entre le 12, 16h et le 13 août, 05h, heure locale française) : il devrait donc avoir lieu en plein jour ou en début de nuit du 12 au 13 août. Ceux qui ne peuvent consacrer que le strict minimum à cette pluie de météore devraient donc se concentrer sur la deuxième moitié de nuit du 12 au 13 août. Dans des conditions favorables, ce sont près d’une Perséide par minute en moyenne qui devrait être observable. Même s’il peut se passer plusieurs minutes sans aucun météore, avant qu’ils n’arrivent par bouffées de deux à quatre en quelques dizaines de secondes !

Pour les voyageurs qui déambuleraient au même moment en Asie, il est possible que la Terre traverse un filament de poussières le 12 août, entre 10h30 et 20h30 TU, ce qui pourrait donner naissance à un pic d’activité supplémentaire qui ne sera pas observable depuis la France métropolitaine, puisqu’il fera alors jour (sauf avec des moyens spécifiques d’observation en radio).

N’oubliez pas que les nuits entourant le maximum d’activité sont également des nuits où l’activité est exceptionnellement forte, même si elle n’est pas maximale. Ainsi, les fins de nuits du 10 au 11, du 11 au 12, puis du 13 au 14 août devraient largement valoir le coup de passer quelques heures le nez pointé vers les étoiles. Histoire de commencer le plein de vœux en observant ces poussières de comète entrer dans l’atmosphère de notre planète à 59 km/s, en un feu d’artifice, après un voyage interplanétaire de plusieurs centaines, voire dizaine de milliers d’années…

Lexique

  • une pluie d’étoiles filantes est l’ensemble des météores associés à un nuage de météoroïdes issus d’une même source (comète ou astéroïde)
  • une comète est un objet constitué de roches et de glaces généralement localisé aux confins du Système solaire, mais qui peut se rapprocher périodiquement du Soleil. En s’en rapprochant, les glaces de la surface du noyau se subliment, entraînant avec elles les poussières qu’elles contiennent. Ce qui donne naissance aux queues de gaz et de poussières caractéristiques de ces objets.
  • un météore (ou étoile filante) est le trait lumineux observé lorsqu’une poussière interplanétaire ou un petit météoroïde pénètre dans l’atmosphère terrestre à très grande vitesse (entre 12 et 72 km/s)
  • un météoroïde est une petite particule de quelques millimètres à quelques dizaines de centimètres de diamètre qui se déplace dans l’espace. C’est elle qui donne naissance au météore si elle a la chance de pénétrer dans l’atmosphère de la Terre. Si le météoroïde est suffisamment massif, une partie de l’objet peut résister à cette entrée dans l’atmosphère, et donner naissance à une météorite.
  • une météorite est le caillou rocheux ou métallique qui est retrouvé sur terre, lorsqu’une partie d’un météoroïde suffisamment massif a réussi à traverser l’atmosphère et arriver au sol.
  • le radiant d’une pluie d’étoiles filantes est le point de la voûte céleste d’où semble provenir, par effet de perspective, les météores issus d’une même pluie.
  • le ZHR (Zenithal Hourly Rate, ou Taux Horaire Zénithal) est le nombre de météores que pourrait observer un individu dans des conditions d’observations parfaites : ciel bien noir et radiant localisé au zénith.