Les pluies météoriques de fin juillet

29 juillet 2022 Non Par Karl Antier

Lorsqu’on évoque les pluies de météores estivales, l’esprit de tous s’oriente directement vers les nuits du 12 et 13 août, ces célèbres « Nuits des étoiles filantes », les Perséides. Au point que certains pensent même que ce sont les seuls moments de l’année où on peut en observer. Il n’en est rien ! Les étoiles filantes sont visibles toute l’année, et en cette fin de mois de juillet, quelques pluies météoriques régalent les astronomes, surtout en ces nuits proches de la Nouvelle Lune… Place à la première partie des Perséides !

delta-Aquariides Sud, alpha-Capricornides, Pisces Austrinides : des noms barbares pour un agréable spectacle

Si les termes delta-Aquariides Sud (SDA), alpha-Capricornides (CAP) et Pisces Austrinides (PAU) ne vous disent rien, c’est normal. Ces noms évoquent de doux souvenirs uniquement aux oreilles des astronomes ayant des connaissances approfondies dans les pluies d’étoiles filantes*. Ces noms obscurs peuvent toutefois rapidement être compris : ce sont les noms des trois pluies météoriques dont le maximum d’activité a lieu fin juillet (le 30 pour les SDA et CAP, le 28 pour les PAU). Par un effet de perspective, toutes les étoiles filantes d’une même pluie semblent provenir d’un même point du ciel, le radiant*. Dont la position détermine le nom de la pluie météorique. Ainsi, celui des Perséides est localisé dans la constellation de Persée lors du maximum. 

Figure 1- Position des radiants des pluies météoriques des delta-Aquariides sud (SDA), des alpha-Capricornides (CAP), des Pisces Austrinides (PAU) et de la source Antihéliaque (ANT) au cours de l’été. Crédit : IMO

Un complexe d’une quinzaine de pluies d’étoiles filantes

Un éclair de lumière devrait dès lors s’allumer dans votre cerveau. Ces noms barbares indiquent donc que les radiants de ces sources de météores* sont localisés respectivement près de l’étoile delta de la constellation du Verseau, près de l’étoile alpha de la constellation du Capricorne, et dans le Poisson Austral (Figure 1). Un rapide coup d’œil à une carte du ciel va vite vous montrer que ces trois radiants, qui font partie d’un complexe de pluies météoriques bien plus important (près d’une quinzaine de sources sont actives dans cette région du ciel au cours de l’été, non loin de la planète Saturne, Figure 2) sont au plus haut dans le ciel en milieu de nuit (vers 2h, heure locale), moment où elles fourniront le plus grand nombre de météores.

Figure 2- Configuration 2022 de la position de radiants du complexe de sources localisées dans les constellations du Capricrone, du verseau et du Poisson Austral, fin juillet, vers 2h, heure locale. Crédit : Stellarium

delta-Aquariides sud: la 5ème pluie météorique la plus active de l’année

La plus active d’entre elles est celle des delta-Aquariides Sud : bien qu’elle soit relativement peu connue, son ZHR* atteint pourtant 25 lors du pic (le 30 juillet), ce qui la place en 5ème position des pluies météoriques les plus actives de l’année ! Active du 12 juillet au 23 août, c’est l’une des principales pourvoyeuse de l’été, et l’astre à l’origine de ces météores n’est pas encore clairement identifié, même s’il pourrait s’agir de la comète* C/1490 Y1 (dont la fragmentation a donné naissance à 96P/Machholz et l’astéroïde* 2003 EH1, sources, entre autres des Quadrantides et des Ariétides diurnes).

Figure 3- Simulation des météoroïdes* potentiellement issus de la comète C/1490 Y1 et donnant naissance à la pluie des delta-Aquariides sud. Crédit: Meteorshowers.org

Les autres pluies météoriques ont des périodes d’activité similaires, mais des taux d’activité moindres (ZHR d’environ 5 lors du maximum pour les CAP et PAU, et plutôt de 2 à 3 pour toutes les autres sources du complexe météorique actif). Leurs radiants ne montent pas très haut dans le ciel, mais l’activité cumulée de l’ensemble des sources de cette région céleste peut laisser apparaître près de 10 à 15 météores par heure dans de bonnes conditions d’observation. 

Une excellente mise en bouche et un bon entrainement pour ceux qui veulent se remettre à l’observation des météores et attendent avec impatience les Perséides 2022 !

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Lexique

  • une pluie d’étoiles filantes est l’ensemble des météores associés à un nuage de météoroïdes issus d’une même source (comète ou astéroïde)
  • une comète est un objet constitué de roches et de glaces généralement localisé aux confins du Système solaire, mais qui peut se rapprocher périodiquement du Soleil. En s’en rapprochant, les glaces de la surface du noyau se subliment, entraînant avec elles les poussières qu’elles contiennent. Ce qui donne naissance aux queues de gaz et de poussières caractéristiques de ces objets.
  • un météore (ou étoile filante) est le trait lumineux observé lorsqu’une poussière interplanétaire ou un petit météoroïde pénètre dans l’atmosphère terrestre à très grande vitesse (entre 12 et 72 km/s)
  • un météoroïde est une petite particule de quelques millimètres à quelques dizaines de centimètres de diamètre qui se déplace dans l’espace. C’est elle qui donne naissance au météore si elle a la chance de pénétrer dans l’atmosphère de la Terre. Si le météoroïde est suffisamment massif, une partie de l’objet peut résister à cette entrée dans l’atmosphère, et donner naissance à une météorite.
  • une météorite est le caillou rocheux ou métallique qui est retrouvé sur terre, lorsqu’une partie d’un météoroïde suffisamment massif a réussi à traverser l’atmosphère et arriver au sol.
  • le radiant d’une pluie d’étoiles filantes est le point de la voûte céleste d’où semble provenir, par effet de perspective, les météores issus d’une même pluie.
  • le ZHR (Zenithal Hourly Rate, ou Taux Horaire Zénithal) est le nombre de météores que pourrait observer un individu dans des conditions d’observations parfaites : ciel bien noir et radiant localisé au zénith.