Magnifique Perséide du 9 août, 22h41

Alors que le maximum des Perséides ne bat pas encore son plein (il est prévu dans la nuit du 12 au 13 août), les célèbres « larmes de Saint-Laurent » sont déjà bien actives ! En témoignent notamment le nombre de Perséides enregistrées par les caméras du réseau Fripon (Fireball Recovery and InterPlanetary Observation Network), et les bolides observés chaque nuit. L’un d’eux a particulièrement été remarqué. Dans la soirée du mercredi 9 août, à 22h 41min (heure locale française, soit 20h 41min TU), une Perséide aussi brillante que la Pleine Lune a illuminé le ciel d’une grande partie de l’hexagone, a été rapportée par plus de 250 témoins (Figures 4a et 4b), et a été enregistrée simultanément par 29 caméras Fripon, de Rouen à Marseille et de Vannes à Epinal (Figures 1, et 2a à 2d et 3) : un record !

 

 

 

Un bolide observé depuis toute la France

Plus de 250 témoignages ont pour l’instant concernant ce météore** ont pour l’instant été récoltés : il a été observé et filmé depuis une grande partie de la France hexagonale et même à l’extérieur, notamment depuis l’Angleterre, l’Italie, la Suisse, les Pays-Bas et la Belgique (Figures 5a et 5b). Très rapide, il a duré un peu moins de 2 secondes en se terminant par un intense flash lumineux (magnitude -11). Proche de l’éclat de la Pleine Lune (Figure 6) il a laissé derrière lui une traînée persistante qui a pu être observée pendant plusieurs dizaines de secondes (Figures 4a et 4b) d’après certainstémoins. D’après les calculs automatiques des programmes Fripon, c’est la très haute altitude du météore qui a permis son observation depuis une si grande partie du territoire : le bolide* a été lumineux  alors que son altitude passait de 115 km à 80 km (Figure 7), donc dans la haute atmosphère terrestre.  

 

 

Un membre de la pluie météorique des Perséides

Cet événement est associé à la pluie météorique des Perséides, actives depuis mi-juillet, jusqu’au 20 août, et dont le maximum d’activité est attendu le 13 août, entre 07h et 14h TU. Cette pluie doit son origine dans les poussière libérées par la comète 109P/Swift-Tuttle, qui revient au voisinage du Soleil (et donc de la Terre) tous les 133 ans environ (son dernier passage eu lieu en décembre 1992). A chacun de ces passages, le noyau cométaire, composé de glaces et de roches, s’échauffe. La glace se sublime (elle passe de l’état solide à l’état gazeux), libérant avec elle quantité de poussières qui y étaient emprisonnées. C’est un immense nuage composé de ces poussières que la Terre traverse actuellement. La Perséide observée dans la soirée du 9 août était plus brillante car plus massive que les autres poussières. Sa vitesse d’entrée dans l’atmosphère est cependant identique à celle des autres particules donnant naissance aux Perséides : environ 60 km/s, soit plus de 215 000 km/h, ce que confirment les calculs Fripon (Figure 8).

D’après les calculs, le bolide avait une trajectoire grossièrement du Nord-Est vers le Sud-Ouest. Il est devenu lumineux, alors qu’il était à 115 km d’altitude au-dessus du Sud du département de l’Indre-et-Loire, avant de traverser une grande partie de la Vienne, pour disparaître une trentaine de km au Sud Poitiers, alors qu’il était à 80 km d’altitude (Figure 9).

Ces particules de poussières (ce qu’on appelle les météoroïdes***) étant issue d’une comète, elles sont très friables, ce qui, combiné à la très grande vitesse d’entrée atmosphérique, et malgré sa très forte luminosité, réduit à néant toute possibilité de retrouver d’éventuelles météorites**** associées.  

Lexique

* un bolide est un météore** (synonyme d’étoile filante) très lumineux. On désigne généralement par bolide tout météore plus lumineux que la planète Vénus (l’astre le plus brillant du ciel après le Soleil et la Lune)

**un météore (ou étoile filante) est le trait lumineux observé lorsqu’une poussière interplanétaire ou un petit météoroïde*** pénètre dans l’atmosphère terrestre à très grande vitesse (entre 12 et 72 km/s)

***un météoroïde est une petite particule de quelques millimètres à quelques dizaines de centimètres de diamètre qui se déplace dans l’espace. C’est elle qui donne naissance au météore si elle a la chance de pénétrer dans l’atmosphère de la Terre. Si le météoroïde est suffisamment massif, une partie de l’objet peut résister à cette entrée dans l’atmosphère, et donner naissance à une météorite****

****une météorite est le caillou rocheux ou métallique qui est retrouvé sur terre, lorsqu’une partie d’un météoroïde suffisamment massif a réussi à traverser l’atmosphère et arriver au sol

[1] Stations ayant enregistré le bolide du 9 août 2023, 20h 41min TU :

• FRIF03-Uranoscope
• FRCE01-Orléans
• FRLI01-Rochechouart
• FRPA03-OHP
• FRPA01-Marseille
• FRFC04-Saint-Lupicin
• FRAQ06-Coulounieix
• FRCE04-Pierres
• FRPA05-Caussols
• FRBR04-Vannes
• FRLR04-Le Bleymard
• FRBO01-Dijon
• FRLO02-Epinal
• FRPC04-Marigny
• FRMP07-Onet-le-Château
• FRPL01-Nantes
• FRMP05-Cahors
• FRCA04-Troyes
• FRNO01-Querqueville
• FRRA01-Grenoble
• FRLI03-Aubusson
• FRMP04-Albi
• FRNO05-Rouen
• FRPL03-Angers
• FRRA07-Roanne
• FRCE02-Nancay
• FRRA06-Aubenas
• FRIF06-Levaudoue
• ENSE03-Eastbourne (UK)

Dernière mise à jour : 11/08/2023, 09h 10min