Conditions parfaites pour les Géminides 2023 !
Une Lune sous forme de fin croissant qui se couche en tout début de nuit. Une pluie d’étoiles filantes la plus intense de l’année. Des nuits longues et obscures. Que peut-on espérer de plus ? Certainement une météo favorable pour admirer la magnifique pluie météorique des Géminides, dont le ZHR maximum d’environ 150 est supérieur à celui des célèbres Perséides (en août) et des moins-célèbres Quadrantides (en janvier). Un rendez-vous astronomique à ne rater sous aucun prétexte en 2023 !
Géminides : une pluie météorique stable et active
Les Géminides sont plutôt méconnues du grand public, mais ce manque d’information est quasi-exclusivement lié à leur période d’activité hivernale, qui s’étend du 4 au 17 décembre, et qui a tendance à effrayer les plus frileux ! Car sur le papier, c’est bel et bien la plus active et la plus régulière des pluies d’étoiles filantes*, associée au nuage de poussières brusquement libérées par la comète* inactive (3200) Phaéton (Figure 1) lors d’un dégazage fatal suite à une modification d’orbite il y a environ 2 000 années (Figure 2). Avec un ZHR* proche de 140-150 en ce moment lors du maximum, elle surpasse sans souci les Quadrantides (ZHR maximum compris entre 90 et 120, mais de 40 seulement cette année) et même les Perséides (ZHR d’environ 70 cette année lors du pic principal). De plus, son ZHR varie très peu d’une année sur l’autre, ce qui n’est pas le cas des deux pluies citées précédemment, pour lesquelles le ZHR peut parfois doubler lors de deux années successives.
(3200) Phaéton, une source inhabituelle de météoroïdes
Une des spécificités des Géminides, outre leur forte activité, tient à leur origine. La plupart des pluies d’étoiles filantes voient leur source dans une comète, dont l’activité à l’approche du Soleil (et donc de la Terre) se manifeste par une forte libération de gaz et de poussières (les météoroïdes). Dans le cas des Géminides, le corps à l’origine de la pluie est l’astéroïde géocroiseur de type Apollo (3200) Phaéton. Cet objet de 5 km de diamètre a été découvert en 1983 ; bien que classé comme un astéroïde, il a des périodes d’activité irrégulières le rapprochant d’une comète (Jewitt et al, 2019). L’origine de Phaéthon est encore très discutée, il est possible que ce soit un objet cométaire provenant du Système solaire externe dont l’orbite aurait évolué vers celle d’un astéroïde suite à un rapprochement avec la Terre ou Vénus (Ryabova, G 2019) . Cependant plusieurs études suggèrent une origine astéroïdale liée par exemple à Pallas (De León et al 2010) ou à (155140) 2005 UD (Devogèle, M et al 2019). Les modèles dynamiques actuels (Ryabova, G 2019) suggèrent que les Géminides proviennent d’une éjection massive de matière il y a 2 000 ans suite à une collision ou un effondrement d’une partie de Phaéton. Cette éjection ancienne produit cette belle pluie d’étoiles filantes très régulière d’une année à l’autre.
70 à 90 Géminides par heure dans la nuit du 13 au 14 décembre
La pluie de météores des Géminides est une des plus faciles à observer ! Si le grand public à tendance à observer les Perséides en soirée, vacances obligent, ces dernières sont bien plus nombreuses en fin de nuit. De même pour les Quadrantides, qui ne sont observables dans de bonnes conditions qu’en fin de nuit. Le radiant* des Géminides, localisé, comme son nom l’indique, dans la constellation des Gémeaux, tout près de l’étoile Castor (alpha Gem), se lève en début de nuit (Figure 3). Les Géminides sont donc observables toute la nuit, et seront au mieux placées vers 2h (heure locale), lorsque le radiant culminera à près de 70° de hauteur.
Cette année, le maximum est prévu le 14 décembre, vers 19h TU. C’est donc dans les nuits du 13 au 14 et du 14 au 15 que les taux horaires devraient être maximum. La Lune étant Nouvelle le 12, à 23h TU, elle sera complètement absente du ciel toute la nuit : elle est en conjonction avec Mercure le 13 au soir et se couche alors que la nuit noire n’est pas encore tombée. Les conditions d’observation sont donc astronomiquement optimales ! Les seuls paramètres qui peuvent donc jouer sur votre récolte de Géminides seront votre état physique (fatigue, froid, voir les conseils ci-dessous), mais surtout l’état du ciel ! Plus vous serez éloignés de lumières artificielles, et plus votre ciel sera noir, plus vous observerez de Géminides. La météo sera également une donnée importante, car en hiver, elle peut être plus ou moins favorable, au gré des anticyclones et des dépressions. Et cette année, en fonction de votre localisation, elle sera plus ou moins favorables (Figures 4 et 5). Dans de bonnes conditions météo et sous un bon ciel, vous pourrez observez jusqu’à 70 à 90 Géminides par heure lorsque le radiant est au plus haut dans le ciel (vers 2h locales) ! Ceux qui arriveront à observer les Géminides plusieurs nuits d’affilée pourront même s’apercevoir d’un comportement intéressant de cette pluie météorique : la luminosité des Géminides varie au cours du temps : elles sont moins brillantes avant le pic, qu’après. Ce phénomène, qui témoigne de la répartition massique des météoroïdes dans le nuage de particules (les plus grosses particules sont rencontrées après le pic) devrait être notamment visible, même en n’observant que les nuits du 13 au 14, et du 14 au 15 décembre.
Conseils pour observer les étoiles filantes des Géminides
Mais pour cela, les précautions d’usage seront de mise !
- observer loin des villes, des sources artificielles de lumière, afin de réduire au maximum la pollution lumineuse, et sous un ciel le plus pur possible pour limiter la diffusion de la lumière lunaire.
- se couvrir ! La nuit, en hiver, les températures sont frigorifiques. Et si le froid vous envahit, vous serez plus concentrés sur vos doigts de pieds congelés et votre lit chaud que sur les étoiles filantes. Couvrez-vous comme si vous alliez aux sports d’hiver. Et ne vous inquiétez pas pour votre style, la nuit, personne ne vous verra !
- s’installer confortablement. La position idéale pour observer les Géminides, c’est d’être allongé. Une chaise-longue et un oreiller sont un excellent investissement pour cela !
- rester concentré : tous les météores ne sont pas très brillants. La majorité sont même peu lumineux. Il faut donc rester très concentré sur le ciel pour espérer les détecter en nombre,
- bien diriger son regard. Même si les Géminides, comme leur nom l’indique, semblent provenir de la constellation des Gémeaux, elles peuvent en réalité apparaître partout dans le ciel. L’idéal sera donc de centrer son regard dans la direction du Taureau, ou de Persée en début de nuit, et dans les pattes de la Grande Ourse en fin de nuit.
- essayer de trouver une zone non-couverte par les nuages. Ce qui risque d’être la plus grosse difficulté de cette année 2023 (Figures 4 et 5)…
Bonne chasse aux poussières d’astéroïdes !
Liens
- IMO (International Meteor Organization) : Viewing the Geminid Meteor Shower in 2023, par Robert Lunsford
- 2023 IMO Meteor Shower Calendar, par Jürgen Rendtel
Lexique
- une pluie d’étoiles filantes est l’ensemble des météores associés à un nuage de météoroïdes issus d’une même source (comète ou astéroïde)
- une comète est un objet constitué de roches et de glaces généralement localisé aux confins du Système solaire, mais qui peut se rapprocher périodiquement du Soleil. En s’en rapprochant, les glaces de la surface du noyau se subliment, entraînant avec elles les poussières qu’elles contiennent. Ce qui donne naissance aux queues de gaz et de poussières caractéristiques de ces objets.
- un météore (ou étoile filante) est le trait lumineux observé lorsqu’une poussière interplanétaire ou un petit météoroïde pénètre dans l’atmosphère terrestre à très grande vitesse (entre 12 et 72 km/s)
- un météoroïde est une petite particule de quelques millimètres à quelques dizaines de centimètres de diamètre qui se déplace dans l’espace. C’est elle qui donne naissance au météore si elle a la chance de pénétrer dans l’atmosphère de la Terre. Si le météoroïde est suffisamment massif, une partie de l’objet peut résister à cette entrée dans l’atmosphère, et donner naissance à une météorite.
- une météorite est le caillou rocheux ou métallique qui est retrouvé sur terre, lorsqu’une partie d’un météoroïde suffisamment massif a réussi à traverser l’atmosphère et arriver au sol.
- le radiant d’une pluie d’étoiles filantes est le point de la voûte céleste d’où semble provenir, par effet de perspective, les météores issus d’une même pluie.
- le ZHR (Zenithal Hourly Rate, ou Taux Horaire Zénithal) est le nombre de météores que pourrait observer un individu dans des conditions d’observations parfaites : ciel bien noir et radiant localisé au zénith.