Bolide du 26 juillet et météorites bourguigno-franc-comtoises ?
Vu l’horaire, ils étaient peu nombreux à être éveillés pour profiter du spectacle… Et pourtant… Ce 26 juillet, à 01h 55min (CEST**, soit le 25 juillet, 23h 55min TU*), un magnifique bolide de magnitude -10, donc presque aussi brillant que la Pleine Lune, a illuminé le ciel de l’Est de la France et a été enregistré par 10 stations vidéos Fripon (Fireball Recovery and InterPlanetary Observation Network, Figures 1a, 1b et 12). Une vingtaine de témoins l’a également rapporté (événement #3671-2024) via le formulaire en ligne IMO/AMS/Vigie-Ciel (Figure 2).
Si vous avez également observé ce phénomène et/ou si vous l’avez enregistré en photo ou en vidéo, faites progresser la science en envoyant votre observation !
Remplir un rapport d’observation
*TU : Temps Universel
**CEST : Central European Summer Time (heure d’été d’Europe centrale), CEST = TU+2h
Un bolide lent et très brillant
Cinq secondes. C’est le temps qu’il a fallu aux heureux insomniaques pour faire un vœu dans cette nuit du 25 au 26 juillet, 2024, à 01h 55min (CEST, heure locale française, soit le 25 juillet, 23h 55min TU). Car à ce moment précis, un magnifique météore a éclairé le ciel et les paysages terrestres du haut de sa magnitude -10 (soit seulement 6 fois moins que la Pleine Lune, Figure 5) pendant près de 5 secondes (Figure 4). Enregistré par 10 caméras du réseau Fripon (voir [1] et Figures 1a, 1b & 12), il a été observé par plusieurs dizaines de personnes, dont plus de 20 ont rempli un rapport d’observation en ligne à Vigie-Ciel (événement #3671-2024). Ces derniers, localisés en France, de l’Aquitaine à l’Alsace, en passant par le Centre, mais également du centre de l’Allemagne, de la Suisse et du Nord de l’Italie (voir Figure 2) rapportent un objet lent, lumineux et coloré, à dominante plutôt bleu-vert, avec des teintes de violet, et qui a changé de couleur en fin de trajectoire pour virer au rouge-orange, avant de disparaître sans fragmentation apparente ou flash terminal.
Un météoroïde de plus de 2 kg en provenance des zones internes de la ceinture d’astéroïdes
A l’origine de ce feu d’artifice céleste, l’entrée dans l’atmosphère d’un météoroïde (caillou voyageant dans l’espace interplanétaire) d’une masse légèrement supérieure à 2 kg et d’une dizaine de centimètres de diamètre. Ce dernier, en provenance des zones internes de la ceinture d’astéroïdes (Figures 7 & 8), est entrée dans la haute atmosphère terrestre avec une vitesse d’environ 25.5 km/s (soit près de 92 000 km/h, Figure 6).
Il est devenu lumineux, alors qu’il était à un peu plus de 80 km d’altitude au-dessus de Saint-Lupicin (Jura), une trentaine de kilomètres au Nord-Ouest de Genève (Suisse). Il s’est ensuite dirigé vers le Nord-Nord-Ouest (azimut d’environ 345°) en direction de Dole, où il a disparu alors qu’il était 5 km à l’Est de la ville, et à 27 kilomètres d’altitude (Figure 3). Une trajectoire de près de 80 km, avec une inclinaison de 35° par rapport à l’horizontale, au cours de laquelle le météoroïde s’est considérablement sublimé, mais a priori pas totalement. Car d’après les calculs de l’équipe Fripon/Vigie-Ciel, environ 100 g (quelques centimètres de diamètre) de l’objet initial auraient survécu à cette entrée atmosphérique.
Des météorites potentiellement tombées du point triple entre le Jura, la Haute-Saône et la Côte-d’Or
Cette centaine de grammes de cailloux extraterrestres ont quant à eux continué leur trajectoire, malgré l’extinction du météore : c’est le dark flight, c’est-à-dire le « vol obscur », dont on ne peut déterminer la trajectoire avec précision uniquement en connaissant la trajectoire initiale, la masse et les dimensions approximatives du ou des objets finaux, ainsi que les conditions météorologiques du moment, notamment la force et la direction des vents qui ont pu faire dériver les cailloux avant qu’ils n’atteignent le sol. D’après les calculs, et sans tenir compte des conditions atmosphériques du moment, la zone de chute des météorites potentielles est localisée autour du point triple entre les départements du Jura, de la Haute-Saône et de la Côte-d’Or (Figures 9, 10 & 11).
Les habitants des villes et villages proches de la trajectoire du bolide qui découvriraient une pierre ayant les caractéristiques attendues d’une météorite sont donc incités à en faire part à l’équipe Vigie-Ciel ou au relais local le plus proche qui se trouve ici être la Société Astronomique de Bourgogne (president@sab-astro.fr ).
Pour apprendre à reconnaitre les météorites, nous vous invitons à regarder cette vidéo : LIEN
Lexique
* un bolide est un météore** (synonyme d’étoile filante) très lumineux. On désigne généralement par bolide tout météore plus lumineux que la planète Vénus (l’astre le plus brillant du ciel après le Soleil et la Lune)
**un météore (ou étoile filante) est le trait lumineux observé lorsqu’une poussière interplanétaire ou un petit météoroïde*** pénètre dans l’atmosphère terrestre à très grande vitesse (entre 12 et 72 km/s)
***un météoroïde est une petite particule de quelques millimètres à quelques dizaines de centimètres de diamètre qui se déplace dans l’espace. C’est elle qui donne naissance au météore si elle a la chance de pénétrer dans l’atmosphère de la Terre. Si le météoroïde est suffisamment massif, une partie de l’objet peut résister à cette entrée dans l’atmosphère, et donner naissance à une météorite****
****une météorite est le caillou rocheux ou métallique qui est retrouvé sur terre, lorsqu’une partie d’un météoroïde suffisamment massif a réussi à traverser l’atmosphère et arriver au sol
[1] Stations ayant enregistré le bolide du 25 juillet 2024, 23h 55min TU :
- FRCE01 – Orléans
- FRFC04 – Saint-Lupicin
- FRAQ06– Coulounieix-Chamiers
- FRFC02 – Belfort
- FRFC01 – Besançon
- FRRA01 -Grenoble
- FRLI03 – Aubusson
- CHJU01 – Vicques (Suisse)
- FRRA06 – Aubenas
- CHVA01 – Saint-Luc (Suisse)
Dernière mise à jour : 30/07/2024, 22h 58min