C/2023 A3 (Tsuchinshan-ATLAS) : une belle comète dans le ciel du soir
C’est un time lapse qui a fait rêver plus d’un astronome amateur, à une date (le 29 septembre 2024) où la comète C/2023 A3 (Tsuchinshan-ATLAS) ne pouvait s’observer que très difficilement depuis l’hémisphère Nord, mais où elle était bien plus accessible depuis l’hémisphère Sud. Pour le plus grand plaisir des astronomes, elle est depuis quelques jours plus facilement observable depuis les contrées européennes, après un passage (en apparence) rapproché du Soleil qui a rendu difficile son observation et son suivi pendant quelques jours.
Copyright vidéo : Alain Maury – SpaceObs – San Pedro de Atacama
Une comète répondant aux espoirs qu’elle a suscités…
La comète C/2023 A3 (Tsuchinshan-ATLAS) a été découverte le 9 janvier 2023 par l’observatoire chinois de la Montagne Pourpre, (Zijinshan Astronomical Observatory), puis perdue avant d’être redécouverte indépendamment par le programme Asteroid Terrestrial-impact Last Alert System (ATLAS) sud-africain le 22 février de la même année. D’où son nom surprenant composé des noms de ces deux observatoires.
Mais les comètes sont des astres parfois lunatiques et imprévisibles. Ainsi, malgré les prévisions parfois très optimistes, les astronomes sont restés longtemps très réticents à s’enthousiasmer quand certains la qualifiaient déjà par anticipation de « comète du siècle ». D’autant que la comète n’étant pas connue, il était impossible d’anticiper son comportement et la probabilité de survie de son noyau lors de son passage à son point le plus proche du Soleil (périhélie), le 27 septembre dernier. Pour leur plus grande joie, les images telles que celles montrées par la vidéo d’Alain Maury (consistant en 1121 images de 3 secondes de pose avec un intervalle de 1 seconde, et accéléré 37 fois par rapport à la durée réelle d’observation) depuis le Chili ont confirmé que l’astre chevelu semblait avoir bien vécu son passage à 58 millions de kilomètres de notre étoile.
Une impression de nouveau confirmée depuis son apparition et son observation depuis l’hémisphère Nord le 12 octobre, date de son passage au plus près de la Terre, à une distance de quelques 40 millions de kilomètres. Car si une comète comme C/2023 A3 (Tsuchinshan-ATLAS) peut être capricieuse, c’est que son noyau est issu du nuage de Oort, dans les confins gelés du Système solaire. Composés de roches et d’une grande partie de glaces, ces petits corps de quelques centaines de mètres ou kilomètres de diamètre s’échauffent en se rapprochant du Soleil. Ces glaces qu’ils contiennent ont alors tendance à se sublimer (elles passent directement de l’état solide à l’état gazeux), formant une chevelure (coma) de plusieurs dizaines de milliers de kilomètres de diamètre entourant ces noyaux. Si l’échauffement est trop intense, et que le dégazage est trop important, les forces en jeu peuvent alors fragmenter le noyau cométaire, et la comète peut alors s’évanouir et disparaître rapidement.
C/2023 A3 (Tsuchinshan-ATLAS) ayant survécu à cette épreuve, elle développe maintenant une magnifique queue de gaz (les glaces qui se sont sublimées) et de poussières (les particules rocheuses contenues dans la glace sublimée, et qui sont autant de potentielles étoiles filantes si elles sont amenées à rencontrer la Terre un jour) ; celle-ci se présente sous forme d’une traînée lumineuse qui « suit » la coma et est toujours dirigée à l’opposé du Soleil, car repoussée par le vent solaire issu de ce dernier.
…et actuellement observable en tout début de nuit depuis la France !
Actuellement, la comète C/2023 A3 (Tsuchinshan-ATLAS) est observable en tout début de nuit, au-dessus de l’horizon Ouest (Figure 2). Elle se couche peu de temps après le début du crépuscule, donc ne perdez pas de temps en fin de journée ! A l’œil nu, elle se présentera tout d’abord sous forme d’une tache floue légèrement allongée. Puis, lorsque le ciel va s’obscurcir, vous verrez se développer vers le haut (à l’opposé de l’horizon, et don du Soleil qui vient de passer derrière) une queue de poussière plus ou moins longue en fonction de vos conditions d’observation. Un appareil photo posé sur un trépied, ou un smartphone en « mode nuit » peut également la révéler (voir Figure 1), même si elle n’est pas toujours facile à observer. Au fur et à mesure des soirées, la comète va s’éloigner de l’horizon, ce qui facilitera son observation. Mais en contrepartie, elle va perdre en luminosité, car elle s’éloigne désormais du Soleil et de la Terre. En fonction de l’évolution de sa luminosité, elle sera plus ou moins facile à observer dans les jours et semaines qui viennent.