Léonides en approche !
Il y a maintenant 20 ans, les Léonides étaient la source d’un des événements astronomiques majeurs de ces dernières décennies : des tempêtes d’étoiles filantes. Les tempêtes les plus proches prévues sont désormais devant nous, puisque l’activité de la pluie d’étoiles filantes devrait retrouver des niveaux exceptionnels au début des années 2030. En attendant, cette source de météores est toujours active, et les observations des dix années à venir devraient nous permettre de mieux appréhender les spectacles à venir ! 2020 en sera une excellente occasion, car la Lune sera quasi-Nouvelle, et quelques petites surprises pourraient se produire…
Le Lion et les flèches de feu
Tous les ans, au cours du mois de novembre, la Terre traverse une zone de particules libérées par la comète* 55P/Tempel-Tuttle lors des passages au périhélie (point le plus près du Soleil d’une orbite) des derniers siècles. La densité en météoroïdes* étant plus importante, l’activité météorique augmente en conséquence : les Léonides sont ainsi actives du 6 au 30 novembre, avec un maximum généralement attendu aux alentours du 17.
Cette pluie d’étoiles filantes* tire son nom du fait que, par un effet de perspective, les météores* associées à ce nuage de poussières semblent toutes provenir d’un point du ciel (le radiant*) localisé dans la tête de la célèbre constellation du Lion. Cette dernière est facile à repérer sous forme d’un crochet ou d’un point d’interrogation à l’envers, et se lève vers minuit (heure locale française). C’est donc en deuxième moitié de nuit que l’activité des Léonides peut être observée, et elle sera d’autant plus intense que le radiant sera haut dans le ciel, soit en fin de nuit.
Une année 2020 idéale
2020 offre une belle opportunité d’observer facilement les Léonides, puisque la Lune ne sera d’aucune gêne. Nouvelle le 15 novembre, elle se présentera sous forme d’un croissant du soir qui se couchera tôt au court des nuits à venir. Les astronomes et les curieux du ciel bénéficieront donc de cieux bien noirs pour les apercevoir. Cette année, nous devrions pénétrer au plus profond du nuage de particules le 17 novembre, vers 11h TU. C’est donc la fin de nuit du 16 au 17 novembre qui devrait être la plus intéressante en termes de nombre de météores.
Qui plus est, il est possible qu’une petite surprise s’invite : d’après les modèles de Mikiya Sato, le 17/11, entre 06h 50min et 08h 13min TU, nous devrions passer à proximité d’un tore de météoroïdes libérés en 1600. Il pourrait en résulter une activité supplémentaire composée de météores majoritairement peu lumineux. D’autres tores devraient être croisés dans les journées suivantes, mais seront plus difficiles à observer du fait de leur faible intensité prévue et de leur horaire (pour la France métropolitaine). Ce pourrait notamment être le cas le 18, vers 00h 58min TU (passage à proximité des poussières libérées en 901), puis le 20, vers 15h 28min TU (donc en plein jour pour des poussières libérées en 1234).
Une dizaine d’étoiles filantes par heure en fin de nuit
Dans tous les cas, même si ces événements n’ont pas lieu, les conditions 2020 devraient permettre à toute personne qui observera sous des cieux relativement préservés de la pollution lumineuse (lampadaires, éclairages artificiels) et dégagés d’apercevoir au moins une dizaine de Léonides par heure, en fin de nuit du 16 au 17 novembre. Ces météores, même s’ils sembleront provenir de la tête du Lion, peuvent cependant apparaître n’importe où dans le ciel. Vous optimiserez votre collecte en restant concentrés sur le ciel (sous peine de manquer les météores les moins lumineux) et en centrant votre regard vers les constellations de la Grande Ourse ou des Gémeaux/Cocher.
Outre le fait qu’elles sembleront être crachées par le Lion, les Léonides se distinguent également par leur grande vitesse apparente : les particules qui leur donnent naissance pénètrent dans l’atmosphère terrestre à la vitesse faramineuse de 71 km/s, soit 255 000 km/h ! Elles sembleront donc très véloces dans le ciel, surtout si elles sont vues hautes dans le ciel et éloignées du radiant, et leur vitesse apparente sera moyenne si elles sont proches de l’horizon ou du Lion. Il sera d’ailleurs intéressant de les comparer aux autres météores, issus de sources distinctes, et qui devraient égayer vos sessions d’observations automnales. Les prévisions météorologiques sont favorables, avec un bel anticyclone qui devrait réserver des nuits dégagées, et étonnamment douces pour la saison. Raison de plus de profiter de ces météores légendaires qui ne manqueront pas de rappeler des souvenirs à certains !
Liens
- IMO (International Meteor Organization) : Viewing the Leonids in 2020, par Robert Lunsford
- 2020 IMO Meteor Shower Calendar, par Jürgen Rendtel
Lexique
- une pluie d’étoiles filantes est l’ensemble des météores associés à un nuage de météoroïdes issus d’une même source (comète ou astéroïde)
- une comète est un objet constitué de roches et de glaces généralement localisé aux confins du Système solaire, mais qui peut se rapprocher périodiquement du Soleil. En s’en rapprochant, les glaces de la surface du noyau se subliment, entraînant avec elles les poussières qu’elles contiennent. Ce qui donne naissance aux queues de gaz et de poussières caractéristiques de ces objets.
- un météore (ou étoile filante) est le trait lumineux observé lorsqu’une poussière interplanétaire ou un petit météoroïde pénètre dans l’atmosphère terrestre à très grande vitesse (entre 12 et 72 km/s)
- un météoroïde est une petite particule de quelques millimètres à quelques dizaines de centimètres de diamètre qui se déplace dans l’espace. C’est elle qui donne naissance au météore si elle a la chance de pénétrer dans l’atmosphère de la Terre. Si le météoroïde est suffisamment massif, une partie de l’objet peut résister à cette entrée dans l’atmosphère, et donner naissance à une météorite.
- une météorite est le caillou rocheux ou métallique qui est retrouvé sur terre, lorsqu’une partie d’un météoroïde suffisamment massif a réussi à traverser l’atmosphère et arriver au sol.
- le radiant d’une pluie d’étoiles filantes est le point de la voûte céleste d’où semble provenir, par effet de perspective, les météores issus d’une même pluie.
- le ZHR (Zenithal Hourly Rate, ou Taux Horaire Zénithal) est le nombre de météores que pourrait observer un individu dans des conditions d’observations parfaites : ciel bien noir et radiant localisé au zénith.