Ursides 2020 : un cadeau de Noël avant l’heure ?

18 décembre 2020 Non Par Karl Antier

Dernière pluie météorique à atteindre son maximum d’activité de l’année, les Ursides sont peu observées, malgré leur activité non-négligeable… et le fait qu’elles soient coutumières de sursauts d’activité plus ou moins intenses, notamment lorsque la comète à l’origine de cette source météorique, 8P/Tuttle, passe au périhélie. Or, cela tombe bien, la belle chevelue passera au plus près du Soleil le 27 août prochain ! Signe d’une surprise de la part des Ursides ? Réponse en direct le 22 décembre !

Une pluie météorique sujette aux sursauts d’activité

La pluie météorique des Ursides n’est pas des plus célèbres. En temps normal, son activité est effectivement bien loin des célèbres Géminides qui viennent de nous offrir un superbe spectacle dans la nuit du 13 au 14 décembre. Néanmoins, son taux d’activité est non négligeable, puis le ZHR lors de son maximum est d’une dizaine. Mais cette période de l’année, plus propice aux Fêtes, et qui pâtit souvent d’une météo hivernale défavorable, explique le désintérêt non-justifié pour cette pluie d’étoiles filantes associée à la comète périodique 8P/Tuttle.

Une comète qui passe au périhélie en 2021…

Si l’activité des Ursides n’est généralement pas exceptionnelle, elle s’est cependant fait remarquer à deux reprises au cours du siècle dernier, en 1945 et 1986, pendant lesquelles le ZHR s’est élevé à environ 50, voire un peu plus. Des augmentations d’activité mineures ont également été observées en 1981 et en 1994. Puis, au XXIème siècle, le même phénomène s’est reproduit, notamment en 2000 (ZHR = 90), en 2004 (ZHR = 48), en 2007 (ZHR = 34) et plus récemment en 2014 et 2016. De tels sursauts sont notamment observés lorsque la comète 8P/Tuttle passe au périhélie, ce qui arrive tous les 13,6 ans. Et qui arrivera l’année prochaine, le 27 août. Ce qui pourrait laisser suggérer une augmentation possible d’activité pour 2020. Une possibilité que semble confirmer les modèles, même si les prévisions sont à prendre avec des pincettes.

…et des sursauts attendus pour 2020 !

D’après Mikiya Sato, Esko Lyytinen et Peter Jenniskens, la Terre devrait croiser plusieurs « dust trails » le 22 décembre 2020. Ces « dust trails » sont des tores de météoroïdes libérés par la comète 8P/Tuttle lors de ces derniers passages au périhélie, dans lesquels les poussières n’ont pas eu le temps de se disperser : ce sont donc des zones denses en météoroïdes, qui si elles sont traversées, font augmenter plus ou moins considérablement le taux de météores. Problème avec les « dust trails » croisés cette année : ils sont relativement anciens, donc les taux d’activité sont assez peu fiables, mais la liste suivante devrait vous permettre de cibler les meilleures périodes de la nuit pour observer, au cas où…

Nuages de météoroïdes donnant naissance à la pluie des Ursides. Crédit: MeteorShowers.org

D’après les modèles, le 22 décembre, nous devrions passer à proximité où traverser 5 zones plus denses de particules pouvant être associées à une augmentation d’activité.

  • entre 03h et 22h TU (la plage horaire est large), nous devrions nous rapprocher du tore de particules libérées en 815 : les taux d’activité associés peuvent être élevés (Esko Lyytinen et Peter Jenniskens),
  • entre 03h 15min et 03h 40min TU, ce sont deux dust trails, libérés en 719 et en 733, qui pourraient engendrer une légère augmentation de l’activité des Ursides (Esko Lyytinen et Peter Jenniskens),
  • à 05h 27min TU, un filament de météoroïdes pourrait être traversé, ce qui peut légèrement augmenter le ZHR de la pluie météorique (Esko Lyytinen et Peter Jenniskens),
  • à 06h 10min TU, l’activité pourrait fortement augmenter lorsque la Terre s’approchera du tore de météoroïdes libérés lors du périhélie de 829 (Mikiya Sato),
  • enfin, plus tard dans l’après-midi, à 17h31min TU, une faible augmentation du ZHR pourrait être détectée lors du passage à proximité du dust trail de 801 (Mikiya Sato).

Observer les Ursides

Bien qu’actives du 17 au 26 décembre (avec un maximum « classique prévu le 22 décembre, vers 9h TU), l’idéal sera bien d’observer au maximum dans la nuit du 21 au 22 décembre 2020, en ciblant notamment les horaires des différentes sursauts potentiels, c’est-à-dire plutôt la fin de nuit, après 3h TU (soit 4h, heure locale française). Ce qui tombe très bien pour plusieurs raisons : tout d’abord, et même si le radiant des Ursides est circumpolaire (il est proche de l’étoile Kochad (bêta UMi) de la Petite Ourse), ce dernier est plus haut dans le ciel en tout début et en fin de nuit. A partir de 3h TU, son élévation est supérieure à 40°, ce qui permet d’espérer observer dans de bonnes conditions. Qui plus est, la Lune, en Premier Quartier, se couche en milieu de nuit, et ne sera donc d’aucune gêne dans les dernières heures nocturnes.

Position du radiant des Géminides, du 20 au 25 décembre. Le nom de cette pluie de météores est associé à la constellation de la Petite Ourse, dans laquelle il est localisé.
Crédit image : International Meteor Organization

L’idéal sera donc d’observer à partir de 4h du matin (heure locale française) jusqu’au crépuscule (vers 7h, heure locale), pour espérer observer 4 des 5 potentielles augmentation d’activité des Ursides. Mais attention, les nuits d’hiver sont glaciales ! Alors pour ne pas que ces quelques heures ne virent au cauchemar, couvrez-vous très chaudement, comme si vous alliez au sports d’hiver, et allongez-vous sur une chaise-longue ou un matelas isolé du froid. Dans l’idéal, évitez les zones éclairées ou sujettes à la pollution lumineuse, et concentrez-vous sur le ciel, dans des zones comme les pattes avant de la Grande Ourse ou le Bouvier, afin d’optimiser votre collecte de poussières cométaires. Il faudra ensuite attendre en croisant les doigts… et ne surtout pas faire de pause aux alentours des pics d’activité prévus, ces derniers pouvant ne durer que quelques minutes ou dizaines de minutes. Dans tous les cas, vos observations seront très intéressantes, même si rien d’exceptionnel n’a lieu, pour pouvoir mieux prévoir l’activité de cette pluie météorique… notamment en 2021 !

Bons ciels !

Liens

Lexique

  • une pluie d’étoiles filantes est l’ensemble des météores associés à un nuage de météoroïdes issus d’une même source (comète ou astéroïde)
  • une comète est un objet constitué de roches et de glaces généralement localisé aux confins du Système solaire, mais qui peut se rapprocher périodiquement du Soleil. En s’en rapprochant, les glaces de la surface du noyau se subliment, entraînant avec elles les poussières qu’elles contiennent. Ce qui donne naissance aux queues de gaz et de poussières caractéristiques de ces objets.
  • un météore (ou étoile filante) est le trait lumineux observé lorsqu’une poussière interplanétaire ou un petit météoroïde pénètre dans l’atmosphère terrestre à très grande vitesse (entre 12 et 72 km/s)
  • un météoroïde est une petite particule de quelques millimètres à quelques dizaines de centimètres de diamètre qui se déplace dans l’espace. C’est elle qui donne naissance au météore si elle a la chance de pénétrer dans l’atmosphère de la Terre. Si le météoroïde est suffisamment massif, une partie de l’objet peut résister à cette entrée dans l’atmosphère, et donner naissance à une météorite.
  • une météorite est le caillou rocheux ou métallique qui est retrouvé sur terre, lorsqu’une partie d’un météoroïde suffisamment massif a réussi à traverser l’atmosphère et arriver au sol.
  • le radiant d’une pluie d’étoiles filantes est le point de la voûte céleste d’où semble provenir, par effet de perspective, les météores issus d’une même pluie.
  • le ZHR (Zenithal Hourly Rate, ou Taux Horaire Zénithal) est le nombre de météores que pourrait observer un individu dans des conditions d’observations parfaites : ciel bien noir et radiant localisé au zénith.