Sursaut d’activité inattendu des Perséides 2021

16 août 2021 Non Par Karl Antier

Cela a beau être la pluie de météores la plus connue du grand public et l’une des plus observées et étudiées, les Perséides n’en réservent pas moins des surprises ! La preuve cette année, puisqu’un intense sursaut d’activité (ZHR ~ 210±20) a été observé le 14 août, entre 6h et 11h TU, bien après le maximum « classique » de la pluie*, qui avait eu lieu dans la soirée du 13 août (ZHR ~ 70). Il faisait alors jour en France métropolitaine (d’où les caméras du réseau Fripon ont tout de même enregistré 218 bolides, Figures 1 à 5), mais le phénomène a été observé visuellement (à l’œil nu et en vidéo) depuis le Canada et les États-Unis et enregistré en radio depuis l’hémisphère Nord (en Europe (Figures 6 & 7), Asie et Amérique du Nord)…

Figure 5- Courbe d’activité des Perséides enregistrées par le réseau de caméras Fripon. En 2021, ce sont près de 220 bolides qui ont été détectés. Crédit : Fripon/Vigie-Ciel

Un sursaut d’activité inattendu plus intense que le pic traditionnel

C’est donc 10 à 20 heures après le maximum traditionnel des Perséides que le décompte de ces poussières issues de la comète* 109P/Swift-Tuttle a commencé à affoler les compteurs. Car après un maximum enregistré en soirée du 13 août, avec des ZHRs* relativement faibles (proches de 70), les taux avaient quasiment été divisé de moitié en début de matinée, le 14 août (ZHR ~ 45). Entre 6h et 11h TU, ces derniers se sont subitement mis à grimper : le pic d’activité a été atteint à 08h 02min TU (longitude héliocentrique de 141.474° ±0.005°), lorsque le ZHR a semble-t-il dépassé 200, soit plus de trois fois la valeur qu’il avait quelques heures plus tôt !

Figure 6- Échos radio enregistrés le 14 août 2021, vers 08h 20 TU par Felix Verbelen depuis Kampenhout (Belgique) en utilisant l’émission du radar BRAMS. Crédit: Felix Verbelen

 

Figure 7- Graphique de l’activité radio enregistrée par Felix Verbelen depuis Kampenhout (Belgique) en utilisant l’émission du radar BRAMS. Le sursaut est clairement visible le 14 août, avec une activité bien supérieure aux journées précédentes. Crédit: Felix Verbelen

Un événement associé à la traversée d’un filament

Cet événement inattendu est probablement associé à la traversée par notre planète d’un filament plus dense en météoroïdes*. Ce dernier aurait potentiellement été rencontré en 2018 (ZHR ~ 25 à la longitude héliocentrique de 140.95°) et en 2019 (ZHR ~ 30 à la longitude héliocentrique de 141.02°). Les données sont encore en cours d’acheminement et d’analyses : nul doute que des études plus précises devraient paraître sous peu, en espérant que des conclusions puissent en être tirées concernant la potentielle activité associée à ce filament, notamment pour les années à venir !

Sources

Lexique

  • une pluie d’étoiles filantes est l’ensemble des météores associés à un nuage de météoroïdes issus d’une même source (comète ou astéroïde)
  • une comète est un objet constitué de roches et de glaces généralement localisé aux confins du Système solaire, mais qui peut se rapprocher périodiquement du Soleil. En s’en rapprochant, les glaces de la surface du noyau se subliment, entraînant avec elles les poussières qu’elles contiennent. Ce qui donne naissance aux queues de gaz et de poussières caractéristiques de ces objets.
  • un météore (ou étoile filante) est le trait lumineux observé lorsqu’une poussière interplanétaire ou un petit météoroïde pénètre dans l’atmosphère terrestre à très grande vitesse (entre 12 et 72 km/s)
  • un météoroïde est une petite particule de quelques millimètres à quelques dizaines de centimètres de diamètre qui se déplace dans l’espace. C’est elle qui donne naissance au météore si elle a la chance de pénétrer dans l’atmosphère de la Terre. Si le météoroïde est suffisamment massif, une partie de l’objet peut résister à cette entrée dans l’atmosphère, et donner naissance à une météorite.
  • une météorite est le caillou rocheux ou métallique qui est retrouvé sur terre, lorsqu’une partie d’un météoroïde suffisamment massif a réussi à traverser l’atmosphère et arriver au sol.
  • le radiant d’une pluie d’étoiles filantes est le point de la voûte céleste d’où semble provenir, par effet de perspective, les météores issus d’une même pluie.
  • le ZHR (Zenithal Hourly Rate, ou Taux Horaire Zénithal) est le nombre de météores que pourrait observer un individu dans des conditions d’observations parfaites : ciel bien noir et radiant localisé au zénith.