Orionides, reliques automnales de la comète de Halley

17 octobre 2024 Non Par Karl Antier

37 ans. C’est le temps qui nous sépare du retour de la célèbre comète de Halley dans le Système solaire interne. Car cette comète revient tous les 75 ans environ au plus près du Soleil (périhélie), et son dernier passage, très médiatisé, date de février 1986… Et même si elle a désormais dépassé le point de son orbite le plus éloigné du Soleil (aphélie) et qu’elle se rapproche désormais de la Terre chaque jour qui passe, il va falloir être patient pour voir la belle chevelue illuminer nos cieux. Pour patienter, les amateurs de météores ont trouvé une solution ! Ils observent les êta-Aquariides et les Orionides : ces deux pluies d’étoiles filantes, respectivement actives en mai et en octobre, sont issues de météoroïdes libérés du noyau de la célèbre comète lors de ces dernières visites…

Une pluie météorique tout droit issue de la comète de Halley

C’est un nuage de poussières relativement étalé que la Terre a commencé à traverser le 2 octobre : jusqu’au 7 novembre, soit pendant plus d’un mois, de potentiels météoroïdes issus de la comète 1P/Halley peuvent pénétrer dans notre atmosphère à très grande vitesse (66 km/s, soit plus de 235 000 km/h), donnant naissance à la pluie météorique des Orionides (ORI), pendant automnal des Halleyides (les pluies d’étoiles filantes associées à la comète de Halley, dont font également partie les êta-Aquariides). Bien que moins active que sa contrepartie printanière (le ZHR maximal des Orionides est d’environ 20, et compris entre 40 et 80 pour les êta-Aquariides), le pic des Orionides se présente plutôt sous forme de « plateau » maximum d’activité, au cours duquel de décents taux d’activité sont observables, avec plusieurs sub-maxima, certains ayant été détectés jusqu’à 3-4 jours avant le maximum principal (au environs du 21 octobre). Certaines années, leur activité peut même être multipliée d’un facteur 2 à 4 : ce fut notamment le cas entre 2006 et 2009, lorsque des ZHR de 40-70 ont été enregistré pendant près de 3 nuits entourant le maximum d’activité !  

Figure- Le radiant des Orionides (ORI) dérive au Nord-Est de la constellation d’Orion, de début octobre à début novembre. Crédit : International Meteor Organization

Orionides, une pluie météorique matinale

Cette année, aucune activité exceptionnelle n’est prévue, donc le ZHR maximal attendu devrait avoisiner 20 aux alentours du 21 octobre, date du maximum prévu (ou tout du moins du milieu du plateau de forte activité). Mais attention, votre collecte horaire de poussières de Halley devrait être moindre pour deux raisons principales.

Tout d’abord, le radiant des Orionides, localisé entre Orion et les Gémeaux (Figure 1), ne se lève qu’aux alentours de 23h-00h (heure locale française). Les Orionides sont donc inobservables lors de la première moitié de nuit, et il vraiment attendre les dernières heures de la nuit, lorsque le radiant sera proche du méridien, et donc au plus haut dans le ciel, pour bénéficier des conditions les plus favorables pour vos observations des Orionides.

En 2024, l’autre nuisance viendra de la présence d’une grosse Lune gibbeuse dans la constellation toute proche du Taureau. Notre satellite naturel va constituer une gêne réelle pour l’observation des Orionides, et par sa luminosité, gommer du ciel les météores les moins lumineux, réduisant de fait le nombre d’Orionides réellement observées. Pour parer au mieux cette source naturelle de pollution lumineuse et limiter la fatigue oculaire associée à sa présence dans le ciel, il faut absolument essayer de la masquer avec un relief, un bâtiment, ou au pire une casquette ou un paravent. De plus, les aérosols diffusant très bien la lumière, plus un ciel sera pur, moins il amplifiera les effets sélènes. Tout voile nuageux, ou particules en suspension dans le ciel (poussières, humidité, etc.) jouera un rôle important dans le nombre de météores que vous observerez réellement. C’est le cas en général, mais c’est d’autant plus vrai quand la Lune est présente !  

Avec une vitesse d’entrée atmosphérique de 66 km/s, les Orionides sont des météores très rapides, surtout s’ils sont vus haut dans le ciel et loin du radiant. Ils sembleront un peu moins rapides près de l’horizon ou d’Orion. Pour essayer d’optimiser votre récolte, l’idéal est de centrer son champ de vision sur le Bélier : un tel positionnement devrait vous permettre de ne pas avoir trop la Lune dans votre champ de vision, et de pouvoir également différencier les Orionides des toutes proches epsilon-Géminides. Sous de bonnes conditions et avec de la concentration, les observateurs les plus férus peuvent espérer observer entre 5 et 10 Orionides par heure, en fin de nuit.

De quoi patienter tranquillement… Plus que 36 retours d’Orionides avant le retour de 1P/Halley…

Liens

 

Lexique

  • une pluie d’étoiles filantes est l’ensemble des météores associés à un nuage de météoroïdes issus d’une même source (comète ou astéroïde)
  • une comète est un objet constitué de roches et de glaces généralement localisé aux confins du Système solaire, mais qui peut se rapprocher périodiquement du Soleil. En s’en rapprochant, les glaces de la surface du noyau se subliment, entraînant avec elles les poussières qu’elles contiennent. Ce qui donne naissance aux queues de gaz et de poussières caractéristiques de ces objets.
  • un météore (ou étoile filante) est le trait lumineux observé lorsqu’une poussière interplanétaire ou un petit météoroïde pénètre dans l’atmosphère terrestre à très grande vitesse (entre 12 et 72 km/s)
  • un météoroïde est une petite particule de quelques millimètres à quelques dizaines de centimètres de diamètre qui se déplace dans l’espace. C’est elle qui donne naissance au météore si elle a la chance de pénétrer dans l’atmosphère de la Terre. Si le météoroïde est suffisamment massif, une partie de l’objet peut résister à cette entrée dans l’atmosphère, et donner naissance à une météorite.
  • une météorite est le caillou rocheux ou métallique qui est retrouvé sur terre, lorsqu’une partie d’un météoroïde suffisamment massif a réussi à traverser l’atmosphère et arriver au sol.
  • le radiant d’une pluie d’étoiles filantes est le point de la voûte céleste d’où semble provenir, par effet de perspective, les météores issus d’une même pluie.
  • le ZHR (Zenithal Hourly Rate, ou Taux Horaire Zénithal) est le nombre de météores que pourrait observer un individu dans des conditions d’observations parfaites : ciel bien noir et radiant localisé au zénith.