Lyrides, giboulées météoriques d’avril

20 avril 2020 Non Par Karl Antier

La pluie météorique des Lyrides brise la faible activité qui sied généralement au premier semestre de l’année. L’occasion de renouer avec les étoiles filantes alors que les nuits commencent à s’adoucir.

Une pluie météorique à sursauts

La période qui suit la pluie d’activité majeure des Quadrantides (début janvier) est maigre en pluies d’étoiles filantes* actives : les Lyrides (LYR) apparaissent donc comme un regain d’activité au milieu d’un premier semestre léthargique où seule la période de mi-avril à début mai (avec les êta-Aquariides) permet à l’amateur de météores* de sortir de son hibernation.

Les météoroïdes qui donnent naissance à la pluie d’étoiles filantes des Lyrides se sont échappées du noyau de la comète C/1861 G1 (Thatcher), dont la période est d’environ 415 ans.
Crédit image : MeteorShowers.org

La pluie météorique des Lyrides est associée à la comète* C/1861 G1 (Thatcher), découverte, comme son matricule l’indique, en 1861, et qui ne devrait pas nous rendre visite avant… 2276 ! Cependant, à chacun de ces passages passés à proximité du Soleil (tous les 415 ans environ), la comète a libéré sur son orbite une nuée de particules, les météoroïdes*, que notre planète traverse tous les ans du 14 au 30 avril. Ce sont ces poussières cométaires qui donnent naissance à la pluie de météores des Lyrides. C’est une intense activité de cette source d’étoiles filantes en 1863 (deux ans après le passage de la comète C/1861 G1 (Thatcher)) qui a mis la puce à l’oreille des astronomes de l’époque quant à la relation entre les deux. Or, 60 ans plus tôt, en 1803, un autre sursaut d’activité avait été observé. Ce fut également le cas 60 ans plus tard, en 1922. Puis de nouveau en 1982, date du dernier sursaut d’activité enregistré, pendant lequel le ZHR* des Lyrides a atteint 90, au lieu des 18 habituels, soit une activité multipliée par 5 !

2020, une année d’activité « classique »…

Les calculs sont simples et devraient rapidement vous laisser entrevoir le spectacle qui nous attend en 2020. La période des sursauts d’activité semblant être proche de 60 ans, les prochains devraient avoir lieu vers… 2042. 2020 devrait donc être une année classique, et le ZHR des Lyrides devrait donc être compris entre 14 et 23. Nous sommes loin des taux horaires des célèbres Perséides d’août ou des Géminides en décembre, mais ce sont tout-de-même 5 à 10 étoiles Lyrides par heure qui devraient être observables en fin de nuit cette année, d’autant que la Lune, nouvelle la nuit suivant le maximum prévu, ne sera d’aucune gêne !

Position du radiant des Lyrides, du 15 au 25 avril. Le nom de cette pluie de météores est associé à la constellation de la Lyre, située non loin de la position du radiant, qui est en réalité dans la constellation voisine d’Hercule. Crédit image : International Meteor Organization

Comme le nom de la pluie l’indique presque, le radiant* des Lyrides est localisé… dans la constellation voisine d’Hercule, à la frontière avec celle de la Lyre. Cette célèbre constellation de l’été (son étoile la plus brillante, Véga, fait partie du célèbre « Triangle de l’Été ») se lève en début de nuit, mais n’atteint une élévation utile qu’à partir de minuit (heure locale). Pour observer les Lyrides, mieux vaut donc y consacrer la deuxième moitié de nuit, les taux horaires étant maximaux en fin de nuit, lorsque le radiant est très proche du zénith.

…mais qui se déroulera dans des conditions idéales !

Cette année, l’International Meteor Organization (IMO) prévoit que le maximum d’activité pourrait avoir lieu entre le 21 avril, 22h 40min TU et le 22 avril, 09h 40min TU, avec un maximum « idéal » le 22, vers 06h 40min TU. Si le maximum a lieu a cet horaire « idéal », alors le ZHR devrait alors être maximum, et plutôt proche de 20-23. Ils era d’autant plus faible que le pic aura lieu avant ou après cet horaire. Pour les observateurs en France métropolitaine, la nuit du 21 au 22 avril est donc la plus favorable, puisque le maximum « idéal » devrait avoir lieu à la fin de cette nuit-là.

Pour observer les Lyrides, nul besoin de matériel sophistiqué : une chaise longue ou un matelas de sol, un duvet, des vêtements chauds et une paire d’yeux suffisent ! Installez-vous le plus confortablement possible, puis levez les yeux vers le ciel. Les Lyrides, même si elles semblent provenir, par effet de perspective, de leur radiant, peuvent apparaître n’importe où dans le ciel, et seront d’autant plus rapides qu’elles seront éloignées du radiant et de l’horizon. Pour espérer collecter le maximum d’entre elles, l’idéal est de centrer son champ de vision vers la constellation du Bouvier. Les poussières qui donnent naissance à ces étoiles filantes rentrent dans l’atmosphère terrestre à des vitesses d’environ 49 km/s, ce qui en feront des météores relativement rapides, sauf s’ils sont observés proches du radiant ou de l’horizon.

Une fois installé, vous n’aurez plus qu’à attendre, et si vous êtes concentrés, vous devriez observer une bonne dizaine d’étoiles filantes par heure en fin de nuit du 21 au 22 avril. De quoi égayer les nuits de printemps, en attendant le festival météorique de l’été !

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Lexique

  • une pluie d’étoiles filantes est l’ensemble des météores associés à un nuage de météoroïdes issus d’une même source (comète ou astéroïde)
  • une comète est un objet constitué de roches et de glaces généralement localisé aux confins du Système solaire, mais qui peut se rapprocher périodiquement du Soleil. En s’en rapprochant, les glaces de la surface du noyau se subliment, entraînant avec elles les poussières qu’elles contiennent. Ce qui donne naissance aux queues de gaz et de poussières caractéristiques de ces objets.
  • un météore (ou étoile filante) est le trait lumineux observé lorsqu’une poussière interplanétaire ou un petit météoroïde pénètre dans l’atmosphère terrestre à très grande vitesse (entre 12 et 72 km/s)
  • un météoroïde est une petite particule de quelques millimètres à quelques dizaines de centimètres de diamètre qui se déplace dans l’espace. C’est elle qui donne naissance au météore si elle a la chance de pénétrer dans l’atmosphère de la Terre. Si le météoroïde est suffisamment massif, une partie de l’objet peut résister à cette entrée dans l’atmosphère, et donner naissance à une météorite.
  • une météorite est le caillou rocheux ou métallique qui est retrouvé sur terre, lorsqu’une partie d’un météoroïde suffisamment massif a réussi à traverser l’atmosphère et arriver au sol.
  • le radiant d’une pluie d’étoiles filantes est le point de la voûte céleste d’où semble provenir, par effet de perspective, les météores issus d’une même pluie.
  • le ZHR (Zenithal Hourly Rate, ou Taux Horaire Zénithal) est le nombre de météores que pourrait observer un individu dans des conditions d’observations parfaites : ciel bien noir et radiant localisé au zénith.