Des Perséides au maximum

12 août 2020 Non Par Karl Antier

C’est probablement l’événement astronomique le plus connu du grand public : dans la journée du 12 août 2020, la pluie d’étoiles filantes des Perséides va atteindre son maximum d’activité. Les conditions d’observations ne sont pas parfaites cette année avec un Dernier Quartier de Lune en fin de nuit, mais le phénomène facilement accessible et toujours aussi magique ! Voici donc quelques explications et conseils pour profiter au mieux du spectacle.

Compilation de 69 Perséides enregistrées dans la nuit du 12 au 13 août 2017 par la station vidéo de May-sur-Orne de Stéphane Jouin. Crédit : Stéphane Jouin, BOAM

Les « Nuits des Étoiles Filantes » qui entourent le 12 août sont bien connues du grand public, à tel point que certains s’imaginent que c’est la seule période de l’année où l’on peut observer des météores (synonyme d’étoiles filantes). En réalité, il n’en est rien : les météores peuvent être observés toute l’année, et à n’importe quelle heure de la nuit. Mais il est des périodes où ils sont bien plus nombreux. C’est le cas aux alentours du 12 août (avec la pluie des Perséides), mais également vers le 14 décembre (avec les Géminides) ou le 3 janvier (avec les Quadrantides).

Car les étoiles filantes sont le témoignage lumineux qu’une poussière interplanétaire (ce qu’on appelle un météoroïde, de quelques micromètres ou millimètres de diamètre pour la majorité d’entre eux) vient de pénétrer dans l’atmosphère terrestre à très grande vitesse (entre 12 et 72 km/s). Si la Terre rencontre des zones du Système solaire où la densité de poussières est plus importantes, il en résulte donc une augmentation du nombre d’étoiles filantes visibles. Or, il se trouve que les comètes, ces « boules de neige sale » dont la surface glacée du noyau se sublime à leur approche du Soleil, libèrent dans l’espace quantité de poussières lorsqu’elles se réchauffent sous l’action de notre étoile. Des poussières sont donc libérées tout-le-long de l’orbite de ces objets : lorsque la Terre passe à proximité de ces nuages de météoroïdes, elle rencontre plus de particules, et le nombre d’étoiles filantes augmente en proportion.

La comète 109P/Swift-Tuttle photographiée en 1992 par Herman Mikuz (Observatoire Crni Vrh, Slovénie). Crédit : cometography.com

Vous ne l’avez probablement pas remarqué, mais c’est ce qui se passe depuis le 17 juillet. A cette date, la Terre a commencé à rencontrer les premières particules issues d’une comète longue période (elle revient à proximité du Soleil, et donc de la Terre, tous les 133 ans environ), 109P/Swift-Tuttle, qui fut indépendamment découverte en juillet 1862 par Lewis Swift et Horace Tuttle. Ce qui a donné naissance aux première Perséides de l’année ! Depuis cette date, la Terre s’enfonce de plus en plus profondément dans le nuage de météoroïdes issus du noyau de cette comète, dont le dernier retour dans notre voisinage eu lieu en décembre 1992. Conséquence directe : depuis mi-juillet, l’activité des Perséides ne cesse de grimper. Jusqu’au moment où notre planète sera au plus profond du nuage de poussières, ce qui est prévu le 12 août. A cet instant, le ZHR pourrait atteindre 100 : dans des conditions parfaites, un observateur pourrait alors observer 100 étoiles filantes par heure. Comme les conditions parfaites sont difficiles à réunir, et que la Lune sera présente cette année, le nombre de météores réellement observé sera moindre, mais en respectant certains conseils, un observateur peut tout de même espérer capter 30 à 40 Perséides par heure !

Car comme leur nom l’indique, les Perséides semblent toutes provenir d’une même région du ciel, le radiant, localisé… dans la constellation de Persée. Ceci est dû à un effet de perspective : de même que les passagers d’un véhicule roulant sous la neige ou la pluie auront l’impression que les flocons ou gouttes proviennent d’un même point (vers lequel le véhicule se dirige), les météores d’une même pluie d’étoiles filantes sembleront provenir d’un même endroit. Or, en début de nuit, la constellation de Persée est très basse sur l’horizon. Et plus un radiant est bas, moins le nombre de météores observés sera important. Ainsi, à activité égale et si la Lune n’était pas présente, un observateur devrait observer 10-15 Perséides en début de nuit, contre 60-80 en fin de nuit ! Une des premières consignes à respecter est donc d’observer en seconde moitié de nuit, même s’il est plus agréable de prolonger une soirée sous les étoiles que de se lever très tôt le matin !

Schéma de la traversée par la Terre du nuage de météoroïdes libérés par la comète 109P/Swift-Tuttle. Crédit : IMO, AMS

Le deuxième conseil consiste à essayer d’observer sous des cieux les plus sombres possibles, même si le Dernier Quartier de Lune sera présente en seconde moitié de nuit. Essayez de trouver un ciel avec l’horizon le plus dégagé possible. Car même si les Perséides semblent provenir de Persée, elles peuvent apparaître partout dans le ciel, et il est même déconseillé de centrer son champ de vision sur cette constellation. Un bâtiment, un relief, ou un objet qui masque la Lune sera cependant intéressant pour minimiser les nuisances sélènes. Ensuite, évitez tout point lumineux et lumière artificielle qui va faire disparaître du ciel les étoiles (et donc les météores) les moins lumineux. Plus le ciel sera noir, plus vous verrez de météores ! Si vous pouvez observer en pleine campagne, voire montagne, c’est parfait. Si vous ne pouvez sortir d’une ville ou d’un village, essayez toutefois d’éviter d’être en contact direct avec une source de lumière. Et si vous devez utiliser une source de lumière, teintez la en rouge : elle vous éblouira bien moins qu’une lumière blanche.

Position du radiant des Perséides pendant la nuit du 12 au 13 août, lors du maximum d’activité de la pluie d’étoiles filantes. Crédit : IMO, AMS

Enfin, dernier conseil : restez concentré ! Si les météores les plus lumineux sont facilement visibles, même sans grosse attention, les plus faibles eux, requièrent un peu plus de concentration, et nécessitent d’avoir les yeux rivés vers le ciel le plus continument possible. En respectant ces consignes, vous verrez que le nombre d’étoiles filantes observées va considérablement augmenter !

Reste dès lors à choisir sa nuit d’observation. Le maximum d’activité « classique » (le moment où la Terre est au plus profond du nuage de météoroïdes libérés par 109P/Swift-Tuttle) des Perséides est attendu dans le nuit du 12 août, entre 08h et 21h TU (soit entre 10h et 23h, heure locale française) : il devrait donc avoir lieu en plein jour ou en début de nuit du 12 au 13 août. Ceux qui ne peuvent consacrer que le strict minimum à cette pluie de météore devraient donc se concentrer sur la deuxième moitié de nuit du 11 au 12 août ou du 12 au 13 août. Mais, les nuits entourant le maximum d’activité sont également des nuits où l’activité est exceptionnellement forte, même si elle n’est pas maximale. Ainsi, les fins de nuits du 10 au 11, du 11 au 12, puis du 13 au 14 août devraient largement valoir le coup de passer quelques heures le nez pointé vers les étoiles. Histoire de commencer le plein de vœux en observant ces poussières de comète entrer dans l’atmosphère de notre planète à 59 km/s, en un feu d’artifice, après un voyage interplanétaire de plusieurs centaines, voire dizaine de milliers d’années…

Lexique

  • une pluie d’étoiles filantes est l’ensemble des météores associés à un nuage de météoroïdes issus d’une même source (comète ou astéroïde)
  • une comète est un objet constitué de roches et de glaces généralement localisé aux confins du Système solaire, mais qui peut se rapprocher périodiquement du Soleil. En s’en rapprochant, les glaces de la surface du noyau se subliment, entraînant avec elles les poussières qu’elles contiennent. Ce qui donne naissance aux queues de gaz et de poussières caractéristiques de ces objets.
  • un météore (ou étoile filante) est le trait lumineux observé lorsqu’une poussière interplanétaire ou un petit météoroïde pénètre dans l’atmosphère terrestre à très grande vitesse (entre 12 et 72 km/s)
  • un météoroïde est une petite particule de quelques millimètres à quelques dizaines de centimètres de diamètre qui se déplace dans l’espace. C’est elle qui donne naissance au météore si elle a la chance de pénétrer dans l’atmosphère de la Terre. Si le météoroïde est suffisamment massif, une partie de l’objet peut résister à cette entrée dans l’atmosphère, et donner naissance à une météorite.
  • une météorite est le caillou rocheux ou métallique qui est retrouvé sur terre, lorsqu’une partie d’un météoroïde suffisamment massif a réussi à traverser l’atmosphère et arriver au sol.
  • le radiant d’une pluie d’étoiles filantes est le point de la voûte céleste d’où semble provenir, par effet de perspective, les météores issus d’une même pluie.
  • le ZHR (Zenithal Hourly Rate, ou Taux Horaire Zénithal) est le nombre de météores que pourrait observer un individu dans des conditions d’observations parfaites : ciel bien noir et radiant localisé au zénith.