Une collection vivante – De nouvelles météorites dans la galerie de géologie et de minéralogie
Une collection vivante : la collection de météorites du Muséum continue à s’enrichir grâce à des contributions collectives
La découverte d’une pierre météoritique comporte une part de hasard et n’exige pas de connaissances scientifiques. Dans le passé, ce sont souvent des citoyens qui ont contribué à enrichir la collection nationale de météorites, une démarche qui se prolonge à l’heure actuelle avec les sciences participatives. Mais la collection croît aussi grâce aux contributions de généreux mécènes et à des expéditions de collectes menées par le Muséum.
Un premier fragment de l’astéroïde 2023 CX1 découvert le 12 février 2023 à plus de 200 000 km de la Terre est retrouvé en Normandie par une étudiante moins de 3 jours après la chute ! Ce fragment va venir enrichir la collection de météorites du Muséum, suivi de plusieurs autres. Les études scientifiques de ces objets sont en cours pour mieux comprendre l’origine et le parcours de 2023 CX1. Ces études sont rendues possibles grâce à une collaboration internationale interdisciplinaire et grâce au programme de sciences participatives Vigie-Ciel !
Ces roches sont présentées pour la première fois au public dans la vitrine « Collection vivante » dans la Galerie de Géologie et de Minéralogie. Un autre fragment de 2023 CX1 – le plus gros y est également présenté. Cette pierre météoritique a elle aussi une histoire extraordinaire : elle a été sauvée de la scie et confiée au Muséum par un généreux collectionneur.
D’autres météorites viennent également enrichir la collection du Muséum de manière régulière : ce sont celles qui se sont accumulées avec le temps dans des déserts comme celui de l’Atacama et sont trouvées par des équipes scientifiques. La vitrine présente des pierres récoltées au Chili par une équipe internationale franco-chilienne (CEREGE-MNHN-Univ. Antofagasta), qui mène depuis 2008 des recherches dans le désert d’Atacama dans la lignée des grandes expéditions du passé.
Le 12 février vers 22 heures (heure française), Krisztián Sárneczky de l’observatoire GINOP KHK (Hongrie) a découvert un astéroïde d’environ 1 m de diamètre, alors qu’il était encore à plus de 200 000 km de la Terre ! Ces trois empilements de 4 images de 25 secondes chacune permettent de mettre en évidence le déplacement de l’astéroïde – un petit point blanc, cerclé sur les images du bas. Les étoiles apparaissent floues et semblent se déplacer car les piles sont « centrées » sur l’astéroïde. Les observations de Krisztián Sárneczky sont rapidement confirmées par celle de l’observatoire Visnjan (L01, Tican, Croatie), puis par de nombreux autres observateurs, ce qui permet de prédire que l’objet pénètrera dans l’atmosphère de la Terre à 3h59 heure locale, à environ 4 km de la côte française, à 45 km au Nord-Est du Havre.
La chute ayant été annoncée peu de temps après la découverte, astronomes professionnels et amateurs se mettent à l’affut pour capturer des images du bolide qui illuminera le ciel lorsque la roche entrera en collision avec l’atmosphère. La photo ci-dessous a été prise depuis la région parisienne à 3h59 (heure locale). De nombreuses autres photos et vidéos ont été prises, faisant de cette chute l’une des plus documentées de tous les temps.
Ces images permettent de voir que la roche incidente s’est fragmentée à plusieurs reprises, ce qui implique qu’il y aura un nombre important de pierres météoritiques réparties sur une zone de chute de plusieurs kilomètres carrés.
Les zones probables de chute des fragments en fonction de leur masse sont rapidement calculées – certaines seront publiées sur internet seulement quelques jours après l’événement (voir par exemple https://www.imo.net/the-atmospheric-trajectory-of-2023-cx1-and-the-possible-meteorite-strewn-field/)
Les chercheurs de météorites travaillant dans des institutions scientifiques arrivent sur place dès le mardi 14 février. Ils sont accompagnés de membres du réseau FRIPON/Vigie-Ciel* (médiateurs scientifiques, amateurs…) et ils font appel aux habitant de la zone de chute pour mener les recherches sur le terrain.
La première pierre météoritique est retrouvée moins de trois jours après sa chute par Loïs Leblanc-Rappe, une étudiante en art. C’est la seconde campagne de recherche de météorites sur le terrain à laquelle participe la famille de Loïs, et, cette fois la chance est au rendez-vous !
Des chasseurs de météorites indépendants viennent, eux aussi, prospecter sur la zone. Le plus gros fragment entier reliquat de l’astéroïde 2023 CX1 est trouvé par le chasseur de météorites professionnel indépendant Steve Arnold le dimanche 19 février. Il expédie rapidement la pierre aux États-Unis où elle doit être découpée en tranches pour être vendue. Mais le chercheur et collectionneur de météorites anglais Bil Bungay souhaite préserver cet objet exceptionnel : il l’achète à Steve Arnold et le confie en dépôt au Muséum afin qu’il puisse être montré à tous les publics comme une source d’inspiration.
Si vous souhaitez participer au projet Vigie-Ciel, inscrivez-vous sur vigie-ciel.org
Si vous voyez un bolide (grosse étoile filante), témoignez sur : lien
Si vous voulez participer à la recherche de nouveaux cratères d’impact, connectez-vous sur : lien
31/05/2023 : La météorite de Saint-Pierre-le-Viger (issue de l’astéroïde 2023CX1) est maintenant officiellement enregistrée auprès de la Metoritical Society: Lien
FRIPON/Vigie-Ciel*: Le réseau FRIPON/Vigie-Ciel regroupe un réseau de caméras qui surveillent le ciel en continu : FRIPON et un programme de sciences participatives Vigie-Ciel, il est porté par le Muséum national d’Histoire naturelle, l’Observatoire de Paris, l’Université Paris Saclay et l’OSU Pythéas